L’idée du Centre Jean Gol (Mouvement réformateur) de relancer l’exploitation minière en Belgique sera à l’agenda du gouvernement wallon ce vendredi. La priorité est de réformer le Code minier. Le texte est actuellement un terrain… miné par des règlementations qui, de facto, découragent des sociétés minières potentielles. Il faut impérativement retrouver un équilibre entre la nécessité de protéger nature et riverains avec l’importance de faire redémarrer l’industrie minière.
Le Centre Jean Gol l’affirme avec conviction dans une étude passionnante et documentée : « Relançons l’expertise et l’industrie minière en Belgique et en Europe ». Co-écrite par Corentin de Salle, Rémy Leboutte et André Tahon, avec le concours du professeur Eric Pirard, cette publication tombe à point nommé. À l’heure où la transition énergétique provoque une ruée mondiale sur les métaux stratégiques, l’Europe, et la Belgique en particulier, doivent repenser leur rapport à l’exploitation minière.
Batteries, éoliennes, voitures électriques, réseaux intelligents… Tout repose sur des ressources qui, aujourd’hui, sont presque entièrement importées – souvent de Chine. Or, l’Agence internationale de l’énergie le martèle : la demande en minéraux va exploser d’ici 2050, multipliée par 6 dans le secteur énergétique. Le lithium, par exemple, pourrait voir sa consommation multipliée par 40. Et les terres rares, essentielles à nos technologies, restent concentrées à plus de 90 % entre les mains de Pékin.
Et depuis les années 1980, aucune exploration d’envergure n’a été menée avec les outils modernes. En d’autres mots : nous ignorons encore l’étendue exacte de notre propre potentiel.
La Belgique, elle, dort sur un trésor géologique
Dans l’est du pays, les anciens sites de Bleiberg et de La Vieille Montagne recèlent toujours des gisements de zinc, plomb, argent et germanium, à haute teneur. Dans le Hainaut, le bassin de Mons abrite le deuxième plus grand gisement de phosphates d’Europe, avec en prime des terres rares. Ces ressources sont là, sous nos pieds. Et depuis les années 1980, aucune exploration d’envergure n’a été menée avec les outils modernes. En d’autres mots : nous ignorons encore l’étendue exacte de notre propre potentiel.
Le Critical Raw Materials Act, adopté par l’UE en 2024, fixe des objectifs clairs pour 2030 : extraire 10 % de nos besoins critiques sur le sol européen, en raffiner 40 % et en recycler 25 %. Mais en Belgique, si l’on salue l’effort de recyclage (via Circular Wallonia notamment), l’exploitation minière reste le parent pauvre du débat. Pourtant, la souveraineté industrielle passe aussi par là. Il est temps de sortir du déni, d’affronter les enjeux avec lucidité et de remettre la géologie au cœur de notre stratégie économique.
Une relance responsable, high-tech et durable
Relancer l’industrie minière ne veut pas dire revenir au 19e siècle. L’étude du Centre Jean Gol plaide pour une exploitation raisonnée, moderne, automatisée et écoconçue. Des projets pilotes pourraient être lancés, à Bleiberg ou dans le Hainaut, sous strict encadrement environnemental. L’objectif : reconstituer une expertise nationale, former une nouvelle génération de géologues, d’ingénieurs, et tisser une filière complète autour des métaux critiques – de l’extraction au recyclage.
Des recommandations concrètes pour agir dès maintenant :
- Créer un Observatoire fédéral des ressources critiques pour centraliser les données et anticiper les pénuries ;
- Lancer une vaste campagne d’exploration du sous-sol belge ;
- Adapter les codes miniers pour faciliter les projets innovants et durables ;
- Intégrer toute la chaîne de valeur : extraction, traitement, raffinage, fabrication et recyclage ;
- Soutenir la recherche sur l’exploitation responsable des ressources, y compris marines.
Avec ses ressources identifiées, son savoir-faire scientifique, ses centres de recherche et son industrie, notre pays peut redevenir un acteur stratégique dans la course mondiale aux métaux. Refuser cette opportunité, ce serait laisser d’autres nations décider de notre avenir énergétique et industriel.
Rouvrir des mines en Belgique, c’est un pari sur l’intelligence, l’innovation, et la durabilité. Ce n’est pas un retour en arrière, c’est un bond vers l’avenir. Un choix de responsabilité. Un acte de souveraineté.
A.G.
(PHOTOPQR/VOIX DU NORD/PIERRE ROUANET)