À Anvers, alors que l’aéroport de Deurne dont l’extension a toujours été combattue par les écologistes dépasse déjà 80 % de son quota annuel de mouvements de formation. Les apprentis pilotes sont cloués au sol ou doivent se rabattre sur la Hollande.
Depuis plusieurs décennies, les écologistes anversois se dressent contre toute extension de l’aéroport de Deurne, présenté par certains comme un moteur économique pour la deuxième ville de Belgique. Mais pour les militants, le bruit, la pollution, les émissions de CO₂ et les aides publiques massives en faveur de cet aéroport ne s’expliquent que par les injections de millions d’euros dans des enjeux qui touchent surtout « l’élite », comme le rappellait la RTBF en 2023.
En août 2023, en effet, le collectif radical Doe Deurne Dicht, soutenu par Extinction Rebellion, a tenté de bloquer physiquement l’accès à l’aéroport – déclenchant 43 arrestations administratives. Leur message ? Fermer Deurne et en faire un espace vert public. L’année suivante, en juillet 2024, la même organisation et ses alliés ont protesté contre les jets privés, soulignant la pollution extrême et le coût pour les contribuables.
Sur le plan réglementaire, cette pression verte a déjà modifié l’environnement de l’aéroport : le permis flamand impose désormais des bornes strictes — plafond de 16 000 mouvements dès lors qu’il était auparavant de 19 500 — et une interdiction quasi totale des vols de nuit de 23 h à 7 h, sauf exceptions.
Le plus récent effet secondaire ? Une restriction sur les indispensables « touch‑and‑go » utilisés pour la formation des pilotes. Ces manœuvres, qui comptent pour deux mouvements à elles seules, ont été arrêtées depuis que l’aéroport a atteint 80 % de son quota – soit plus de 13 000 mouvements déjà consommés — obligeant les écoles à délocaliser leurs exercices vers Breda ou la Zélande.
Entre les blocages militants et les limitations réglementaires imposées au nom de l’écologie, l’aéroport de Deurne voit son activité rognée de toutes parts. Les écologistes y verront une victoire, les pilotes y verront une curiosité… et la deuxième ville de Belgique se questionnera : que reste-t-il de son « maillon économique » quand le rail n’est pas extensible non plus ?
La rédaction
(©PHOTOPQR/LE PROGRES/Charly JURINE)
