L’Union africaine a, comme le relaye 7sur7, officiellement apporté son soutien à la campagne “Correct the Map”, qui milite pour une redéfinition des cartes du monde respectueuse des proportions réelles des continents. L’initiative, portée par l’ONG Speak Up Africa, dénonce l’héritage biaisé de la projection de Mercator, conçue au XVIᵉ siècle par le géographe flamand Gerardus Mercator et encore massivement utilisée aujourd’hui dans l’enseignement, les atlas, les médias ou la diplomatie.
Or, ce modèle déforme profondément le globe. « La projection de Mercator grossit artificiellement l’Europe et l’Amérique du Nord, tout en réduisant l’Afrique d’environ de moitié », souligne Fara Ndiaye, directrice adjointe de Speak Up Africa.
Un exemple frappant : le Groenland
Sur la carte de Mercator, le Groenland (2,1 millions de km²) paraît quasiment aussi vaste que l’Afrique (30,4 millions de km²), alors qu’il est en réalité… quatorze fois plus petit. Comme le rappelle le clip de campagne, le continent africain pourrait accueillir sur son sol, comme dans un puzzle géant, les États-Unis, l’Inde, la Chine, le Mexique, le Japon et presque toute l’Europe. Ses dimensions parlent d’elles-mêmes : 8.000 km du nord au sud – bien plus que les 4.600 km séparant le Canada du sud des États-Unis – et 7.400 km d’ouest en est, presque l’équivalent de la Russie.
« Une distorsion à corriger »
Pour Speak Up Africa, la solution passe par la projection dite Equal Earth, qui restitue plus fidèlement la taille des continents. « Cette distorsion n’est pas neutre : elle façonne notre imaginaire collectif, influence l’éducation et les représentations médiatiques. Quand un enfant africain voit son continent rapetissé, cela affecte sa fierté et le regard qu’il porte sur son identité. Corriger la carte, c’est bien plus qu’un ajustement technique : c’est un acte symbolique de dignité, de justice et de rééquilibrage du récit mondial », insiste Fara Ndiaye.
L’ONG appelle le public à signer une pétition pour que “chaque continent retrouve son véritable poids”. Et si elle reconnaît qu’aucune projection n’est parfaite, elle rappelle que celle de Mercator privilégie systématiquement les pays du Nord – Europe, États-Unis, Russie – au détriment du Sud, et plus particulièrement de l’Afrique.
La rédaction
(Photo Belgaimage)
