Accueil » Le calvaire des otages israéliens raconté au grand jour

Le calvaire des otages israéliens raconté au grand jour

par H. DB
Photo by Lionel Urman/ABACAPRESS.COM

Les récits d’anciens otages israéliens libérés de Gaza

Au bout de deux ans d’une captivité entrecoupée d’ombres, de faim et de bruit de bottes, c’est une photo qui a remis du souffle au pays : Noa Argamani et Avinatan Or assis l’un contre l’autre dans un hélicoptère, porte ouverte sur la Méditerranée. Elle avait été arrachée à moto au festival Nova, lui poussé vers Gaza à la pointe d’un fusil ; elle fut libérée par une opération israélienne en juin 2024, lui n’a revu un visage aimé qu’à l’automne 2025. Son premier souhait, rapporté par le Times, a été d’« être seul avec Noa, fumer une cigarette, comprendre comment elle a été sauvée ». Le contraste est violent : du silence contraint à la parole qui déborde, du tunnel à l’air libre, de la survie à la reconstruction.

Autour d’eux, les retours composent un même motif à variations. Matan Angrest, 22 ans, ne se souvient pas de l’instant de l’enlèvement ; il se souvient de la bastonnade qui l’a fait sombrer, puis de mois noir d’encre, quatre au moins, dans un boyau étroit. Sa mère, citée par le Times, raconte la première nuit d’homme libre : dormir à côté de ses parents, réapprendre un geste aussi simple que tenir un couteau et une fourchette. Rom Braslavski, lui, a été déplacé presque sans cesse, pas toujours sous terre, avec de rares fenêtres sur le monde : selon le Jerusalem Post, quelques bribes de télévision ont suffi à le fixer : « on parlait de lui ».
Chez d’autres, on a simulé la mort, maquillages de poudre à l’appui, pour un plan de propagande — un élément évoqué par la BBC dans le témoignage d’une mère.
Et chez certains, un détail inattendu : un chabbat respecté à la demande d’une otage observante — petites poches d’humanité qui n’annulent ni la contrainte ni la peur.

Isolement comme méthode

Plusieurs témoignages convergent sur un point : l’isolement organisé. On sépare, on réunit, on re-sépare pour briser les repères. Ariel Cunio, Avinatan Or ou Rom Braslavski évoquent des périodes seuls, gardés « spécialement », sans voix amie, privés d’horaires, de lumière, d’un second être pour mesurer le temps.
Les jumeaux Ziv et Gali Berman, enlevés ensemble, ont été maintenus séparément, chacun croyant l’autre mort, jusqu’au moment de la libération. À l’hôpital, leur étreinte dit tout ce que l’on ne sait pas raconter : la joie nue et le feuilleté d’angoisses qui s’ouvrent dans le même geste.

La faim, la peur et l’économie du moindre

La faim fut une économie : un morceau de pain le matin, une cuillerée de riz à midi, punitions en cas de tension dans les pourparlers — le Jerusalem Post parle d’une alternance de « privations et châtiments physiques ». Parfois, ces dernières semaines, un surcroît de nourriture : de quoi regagner un peu de poids, au point que certaines jeunes femmes expliquent, selon la BBC, qu’« il y a deux mois, elles auraient ressemblé aux hommes maigres à l’extrême filmés à leur sortie ». La peur fut procédurale : armes exhibées, grenades manipulées comme des accessoires, chuchotements imposés. À la libération, des parents racontent des aphonies : après une journée à parler sans frein, leurs enfants n’avaient plus de voix, comme si la parole, retenue trop longtemps, brûlait en ressortant.

Les tunnels, les maisons, la foule

Pour certaines, la captivité s’est déroulée principalement sous terre, dans des tunnels où l’on ne voit jamais le soleil. Pour d’autres, dans des maisons, parfois au sud de la bande, parfois au cœur de Gaza City, avec une télévision qui crache des nouvelles par à-coups. Cette hétérogénéité est un point clé : il n’y a pas eu « une » captivité, mais une mosaïque de conditions dont l’élément commun reste la privation.
Le moment du transfert vers le CICR, lui, a souvent été perçu comme le plus dangereux : la foule, les hommes armés, l’imprévisibilité. « On a eu peur de mourir au point de passage », disent trois jeunes femmes citées par le Times of Israel.

Le temps long des libérations

Les libérations de 2025 ont eu deux temps. D’abord janvier, avec la sortie de jeunes femmes soldats en première vague sous cessez-le-feu ; déjà, leurs parents insistaient, dans la BBC, sur le travail forcé, la terreur organisée et des soins sans anesthésie. Puis, l’automne, marqué par une séquence diplomatique plus ample et une visite américaine très médiatisée : vingt otages vivants libérés un même jour, plusieurs corps rendus, d’autres annoncés pour des échanges ultérieurs. Devant Ichilov et à Sheba, les familles remercient médecins, militaires et alliés étrangers, certaines citant Donald Trump nommément.
Le nom du Premier ministre Benyamin Netanyahou est parfois absent des micros ; la fissure politique, elle, ne se referme pas en un soir.

Abonnez-vous pour lire l'article en entier.

Apportez votre soutien à la rédaction de 21News en souscrivant à notre contenu premium.

S'abonner

Accédez à tout notre contenu Premium. Un large choix d'articles disponibles.

You may also like

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?