Une large majorité de Français se désolidarise des méthodes employées par les militants écologistes radicaux, selon un sondage Odoxa relayé par Le Point. Si les actions spectaculaires de ces activistes — blocages, occupations, sabotages — bénéficient d’une forte couverture médiatique, elles ne rencontrent qu’un faible écho dans l’opinion publique.
Premier constat : les grands projets d’infrastructures sont perçus positivement. 81 % des sondés jugent utiles les aménagements routiers, ferroviaires ou énergétiques pour l’économie française. Même parmi les sympathisants écologistes ou de la gauche radicale, le soutien reste majoritaire (respectivement 79 % et 72 %). En revanche, seuls 18 % les considèrent comme nuisibles à l’environnement, reprenant ainsi les arguments de mouvements comme Extinction Rebellion ou les Soulèvements de la Terre.
Ce rejet dépasse les clivages politiques et sociaux. Les Français estiment que les habitants des territoires concernés sont trop peu écoutés (73 %), tout comme les entreprises locales (68 %), tandis que les militants hostiles aux projets bénéficieraient d’une écoute excessive (59 %).
Sur le fond, 57 % des personnes interrogées estiment que les activistes ont tort de s’opposer à ces projets. S’ils soutiennent l’opposition aux centres commerciaux (63 %) ou restent partagés sur les autoroutes, ils désapprouvent majoritairement la contestation des énergies renouvelables et du nucléaire : 56 % contre les opposants aux éoliennes, 61 % pour les mégabassines, 65 % pour le nucléaire, 67 % pour les parcs photovoltaïques et 68 % pour les lignes ferroviaires. Même chez les écologistes, près d’un sur deux (49 %) condamne ces oppositions systématiques, preuve d’un décalage croissant entre la base militante et son électorat.
Des méthodes « radicales » désapprouvées
Les méthodes radicales sont elles aussi fortement rejetées. En moyenne, 70 % des Français désapprouvent les actions des activistes. Les blocages de routes ou d’aéroports sont condamnés par 71 % des sondés, les ZAD par 61 %, et les sabotages par 85 %. Même l’occupation pacifique des arbres n’est approuvée que par 46 % des personnes interrogées. L’image de ces militants est sérieusement écornée : 65 % les jugent « dangereux », 64 % « violents » et 60 % « déconnectés des réalités ».
Enfin, si les Français restent fortement attachés à la cause environnementale — 85 % valorisent la biodiversité, 77 % soutiennent la transition énergétique et la lutte contre l’artificialisation des sols — ils accordent une priorité encore plus élevée à des enjeux tels que la souveraineté énergétique (89 %), la réindustrialisation (87 %) et le maintien des services publics (90 %). Autrement dit : la transition écologique, oui, mais pas à n’importe quel prix.
Maxence Dozin
(Photo Quentin Top / Hans Lucas via AFP)