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Les matinales de Radio France pointées du doigt : l’IA révèle un déficit de pluralisme

par Rédaction

Entre le 1er et le 31 octobre 2025, l’Institut Thomas More a passé au crible l’ensemble des matinales de France Inter, France Culture et France Info. Résultat : un déséquilibre marqué en faveur de la gauche, selon l’analyse automatisée menée par le think tank, relate Le Figaro.

« L’originalité de notre démarche réside dans l’usage systématique de l’intelligence artificielle pour traiter l’intégralité des propos diffusés, sans sélection humaine », explique au journal français Jean-Thomas Lesueur, directeur général de l’Institut. Chaque chronique a été évaluée selon des critères identiques et justifiés, et seules quelques relectures humaines ont corrigé des erreurs de transcription ou des cas d’ironie mal interprétés par l’IA. « Pour la première fois, nous mesurons la tonalité éditoriale sur des centaines d’heures d’antenne de façon homogène et factuelle. »

Certains tendances qui ne mentent pas

L’étude met en lumière plusieurs tendances nettes. D’abord, les formations d’opposition les plus radicales — La France insoumise et le Rassemblement national — subissent le traitement le plus défavorable sur les antennes publiques. Ensuite, la période prise comme témoin (octobre 2025) a été marquée par « la séquence Sarkozy » : la droite républicaine, et notamment Bruno Retailleau, ont été l’objet d’un traitement jugé très hostile, tandis que la gauche modérée a bénéficié d’une indulgence plus notable.

À l’échelle des antennes, les lignes éditoriales se distinguent : France Inter et France Culture apparaissent durablement orientées à gauche, alors que France Info parvient, selon l’étude, à conserver un niveau relatif de neutralité. Sur des sujets sensibles — justice, discriminations, violences policières, affaires internationales — le déséquilibre se creuse : la plupart des angles adoptés penchent à gauche, sans contrepoids visible.

La gauche modérée apparaît comme la seule famille politique à bénéficier d’un traitement relativement équilibré entre jugements négatifs, neutres et positifs.

Statistiques à l’appui : sur 1 280 chroniques analysées, la majorité présente une orientation clairement identifiable à gauche ; la minorité orientée à droite est nettement plus réduite. Seule France Info affiche un équilibre relatif, avec 57 % de chroniques neutres et une répartition gauche/droite proche de l’équilibre.

France Inter se singularise par une forte polarisation des formats réguliers : la majorité d’entre eux s’inscrit durablement à gauche, avec peu de variabilité. L’IA n’y classe à droite que deux rendez-vous identifiés — « L’Invité de 7 h 50 » et « L’Édito éco ».

Sur le plan des acteurs politiques, la droite et le centre/majorité présidentielle concentrent l’essentiel des critiques, exacerbées par une actualité perçue comme négative (instabilité gouvernementale et parlementaire). Les « extrêmes », particulièrement la droite radicale, récoltent de nombreuses mentions négatives et presque aucune note positive. À l’inverse, la gauche modérée apparaît comme la seule famille politique à bénéficier d’un traitement relativement équilibré entre jugements négatifs, neutres et positifs.

Parmi les personnalités les mieux notées figurent Raphaël Glucksmann, Laurent Nuñez, Manuel Valls et Édouard Philippe — toutes identifiées comme appartenant à la gauche modérée ou au centre. François Bayrou, Gabriel Attal, Boris Vallaud et François Hollande se situent dans une zone légèrement négative (entre −0,3 et −0,9). En queue de peloton : Marine Le Pen, Sébastien Chenu, Rachida Dati et Jean-Luc Mélenchon, qui recueillent des notes très négatives. Nicolas Sarkozy, lui, pâtit de la couverture médiatique liée à son incarcération.

Quelles garanties pour le pluralisme ?

Au-delà des chiffres, l’étude pose une question politique et déontologique : comment garantir le pluralisme et l’équilibre d’expression sur les antennes publiques à l’heure des algorithmes ? L’Institut Thomas More invite les directions de Radio France à répondre aux résultats et à détailler les garde-fous éditoriaux mis en place pour assurer la représentation de l’ensemble du spectre politique.

La rédaction

(Photo Belgaimage)

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