Mahsa Amini, une étudiante d’origine kurde vivant en Iran, a été tuée le 16 septembre 2022 à Téhéran, trois jours après avoir été arrêtée pour « port de vêtements inappropriés ». En mémoire de son combat, un buste à son effigie (photo) a été inauguré devant l’hôtel communal de Woluwe-Saint-Pierre, ce 16 septembre 2025. Melissa Amirkhizy, conseillère communale à Ganshoren (MR), a voulu lui rendre hommage par le texte ci-dessous.
À toi, Mahsa Amini,
À toi, jeune femme tuée par un régime dictatorial pour une mèche de cheveux.
À toi, dont les parents ont reçu le corps sans vie le 16 septembre 2022 à Téhéran.
À toi, fille innocente, venue seulement pour quelques jours de voyage.
Je t’écris aujourd’hui, Mahsa, parce que ton nom et ton visage sont devenus le symbole d’une lutte qui nous dépasse toutes.
Tu m’as rappelé les injustices que j’ai subies, et que des milliers de jeunes filles et de femmes subissent dès leur naissance sous ce régime.
Un régime qui, au nom de la charia islamique, nous considère comme la moitié d’un homme.
Un régime qui m’a interdite de me soigner sans l’autorisation d’un homme, et qui interdit même à une mère de soigner son enfant sans la permission d’un homme.
Un régime qui nous dicte notre façon de nous habiller, de parler, et qui jusqu’à notre rire voudrait faire taire.
Dans cette société, notre droit fondamental reste un rêve : même s’habiller comme on le veut nous est interdit. Oui, Mahsa, tu es partie il y a trois ans, mais depuis ton décès, plus rien n’est comme avant.
Les femmes, encore plus nombreuses et déterminées, se battent contre ces lois qui nous imposent la soumission. Et, pour la première fois peut-être, de plus en plus d’hommes de notre pays nous soutiennent.
Je pense souvent à toi. Je me souviens de ce jour où, avec mes amies, nous avons été arrêtées dans le nord du pays pour quelques mèches de cheveux visibles. On nous a enfermées dans une chambre sans fenêtre, si étroite que nous pensions ne jamais en sortir.
Nous sommes des milliers à vivre ces humiliations. Oui, Mahsa, nous sommes des milliers à vivre cela.
Et ce qui me rend encore plus triste, c’est que tant de féministes ailleurs ne nous considèrent pas comme des femmes à défendre. Certaines vont même jusqu’à prendre des photos avec Ali Khamenei pour dire qu’il est un « bon homme »…
Elles craignent d’être accusées d’islamophobie ; elles se battent pour le voile dans des pays libres et démocratiques, mais refusent de défendre notre droit à la liberté d’expression.
Pour elles, nous demandons trop, parce qu’elles ne comprennent pas ce que c’est que de vivre sous la charia et sous le pouvoir des hommes islamistes.
Pourtant, Mahsa, malgré la peur et la répression, nous restons debout.
Nous restons fortes.
Nous n’abandonnerons pas notre liberté.
Parce que nous aussi avons le droit de vivre libres.
Parce que, tant que les femmes iraniennes ne seront pas libres, aucune femme dans le monde ne le sera vraiment.
En ton nom, Mahsa, et en celui de toutes celles qui se battent encore, nous continuerons.
Signé :
Une femme qui refuse de se taire
Melissa Amirkhizy, conseillère communale à Ganshoren
(Photo : Facebook Georges Dallemagne)