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L’Europe met fin au droit au découvert bancaire

par Harrison du Bus
BANK FACADE Photo by Bernard Joubert

Le 20 novembre 2026 marquera un tournant discret mais massif : le découvert bancaire cessera d’être une facilité automatique. L’Union européenne impose aux banques d’en faire un crédit à la consommation soumis à une évaluation de solvabilité, officiellement pour protéger les ménages du surendettement même si, en pratique, une partie d’entre eux pourrait de la sorte perdre leur dernier souffle financier.

Il n’y a pas eu de débat public, ni de grands discours. La décision est tombée par une directive européenne d’octobre 2023, transposée en France le 3 septembre 2025 par l’ordonnance 2025-880. Elle entre en vigueur le 20 novembre 2026, a confirmé la Banque de France.
Son principe est simple : tout découvert supérieur à 200 euros sera désormais assimilé à un crédit à la consommation. Autrement dit, la banque ne pourra plus le laisser courir sans justification. Elle devra vétilleusement examiner le profil du client, vérifier ses revenus, ses charges, ses antécédents, et conserver la trace de cette évaluation.

Ce qui relevait d’un geste tacite — la souplesse du banquier face à un client connu — devient un acte de prêt assorti d’obligations.
Le juriste Jérôme Lasserre-Capdeville l’a résumé d’une phrase : « Le découvert perdra son côté universel. »

Le filet de sécurité se resserre

Les conséquences dépassent la technique bancaire. Car le découvert est le baromètre d’un malaise plus vaste.
Selon les chiffres cités par La Voix du Nord, près d’un tiers des Français ont été à découvert au moins une fois en 2024. Un quart le sont chaque mois. Et pour beaucoup, cette autorisation n’est pas un privilège : c’est une respiration de fin de mois, souvent de quelques centaines d’euros.

Demain, ce simple tampon devra passer au crible du taux d’endettement, cette fameuse « règle des 30 % » qui structure le crédit à la consommation. Un salarié à 3 000 euros nets et 1 000 euros de charges serait déjà jugé trop endetté pour obtenir un découvert de 400 euros. Pour un revenu à 1 750 euros — celui qu’un quart des salariés ne dépasse pas —, la porte se ferme avant même qu’on y ait frappé.

Derrière les chiffres se dessine une scène sociale : la paie qui tombe le 30, le loyer prélevé le 28, les factures qui patientent. Et ce court décalage, jusqu’ici toléré, sera désormais encadré, quantifié, évalué. L’Union européenne y voit une protection contre le surendettement ; pour beaucoup c’est la disparition d’un filet de survie discret.

« Beaucoup de personnes vivent grâce à leur découvert et ne récupèrent jamais la totalité de leurs ressources à la fin du mois », rappelle Pauline Dujardin, de la Fédération Crésus. Ainsi la réforme qui vise les abus chroniques frappera d’abord ceux qui vivaient de ça.

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