Ancien ministre et figure emblématique et toujours influente du libéralisme belge, Louis Michel livre à 21News une réflexion sans détour sur la démocratie, l’Europe et l’évolution du MR. Défenseur d’un libéralisme humaniste et progressiste, il plaide pour un débat libre sur les sujets tabous, appelle à la responsabilité sociale sans renier la solidarité, et met en garde contre les dérives populistes. Sur la scène internationale, il dénonce la naïveté européenne face aux États-Unis, soutient une Europe « à plusieurs vitesses » et appelle à renouer avec une politique africaine ambitieuse.
21News : Louis Michel, vous êtes connu comme un grand combattant de l’extrême droite. Or, le PS accuse le MR de reprendre certains thèmes de l’extrême droite et d’accueillir des personnalités suspectes. Qu’en pensez-vous ?
Louis Michel : Je pense que c’est inconvenant de la part du PS. J’ai beaucoup d’estime pour Paul Magnette, mais ses propos sont injustes. Je soutiens la démarche actuelle du MR : il y a des sujets qui ont toujours été tabous et dont on n’osait pas parler — par peur d’être assimilé à l’extrême droite. C’est absurde. Par exemple, le communautarisme organisé, l’abattage sans étourdissement, les signes religieux ostentatoires dans la fonction publique ou à l’école. Je suis contre les signes religieux visibles dans l’espace public institutionnel — que ce soit une croix, une kippa ou un voile. Ce n’est pas une question de religion, mais de neutralité de l’État.
« Le MR n’est pas d’extrême droite. »
21News : Vous voulez dire qu’on a confisqué ce débat en disant que c’était un marqueur d’extrême droite ?
Louis Michel : Oui, exactement ! On ne peut plus poser certaines questions. C’est dangereux. Ce qui ne va pas dans la démarche de Magnette, c’est qu’il veut choisir de quoi on peut parler et de quoi on ne peut pas parler. Ce n’est pas la démocratie. La démocratie, c’est la liberté de pensée. Peu importe qu’on soit catholique, chrétien, musulman… Ce qui compte, c’est le débat libre.
21News : Sa volonté de redéfinir le cordon sanitaire, c’est pour isoler le MR ?
Louis Michel : Oui, bien sûr. C’est pour affaiblir le MR politiquement. Mais si l’objectif est d’exclure le MR de la sphère démocratique, c’est énorme ! Le MR n’est pas d’extrême droite. Certains de ses accents sont plus conservateurs que les miens — moi je suis plus libéral-progressiste — mais cela reste dans le cadre démocratique. Mais attention : j’ai lu tous les pères fondateurs du libéralisme belge et européen. Et il ne faut pas oublier que ce sont les libéraux qui, historiquement, ont défendu : le suffrage universel, la primauté de la loi des hommes sur la loi de Dieu, la neutralité de l’État et les libertés fondamentales. Contrairement à ce qu’on croit, ce ne sont pas les socialistes qui ont tout inventé. Il y a eu un libéralisme profondément humaniste.
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