Un échange houleux entre Marcela Gori (MR) et Mohammed Kalandar (PS) ravive la question du niveau linguistique des élus bruxellois.
C’est une séquence de conseil communal à Molenbeek qui a déclenché la polémique. Dans une vidéo devenue virale, l’échevin socialiste Mohammed Kalandar peine à lire une note relative à un conflit d’intérêts dans lequel il est cité : l’octroi d’un subside à une ASBL dont il avait été trésorier.
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a aussitôt réagi sur X : « Voilà où nous a conduit le communautarisme de la gauche à Bruxelles. Un échevin qui sait à peine lire… Est-ce normal ? Non, cela doit cesser ! »
À sa suite, Marcela Gori, conseillère communale MR à Anderlecht et vice-présidente du CPAS, a dénoncé « un échevin qui ne parle ni français ni néerlandais ». « On ne gère pas une commune avec Google Traduction », a-t-elle ironisé dans La Libre Belgique.
Sur Facebook, elle nuance toutefois : « Je n’ai aucune envie de me moquer de cette personne, mais il s’agit d’un élu d’une commune bruxelloise qui ne parle aucune langue nationale. Comment peut-on représenter des citoyens sans pouvoir communiquer avec eux ? »
Une motion pour instaurer un test linguistique
L’élue libérale entend transformer la polémique en proposition politique. Elle présentera fin novembre à Anderlecht une motion visant à instaurer, dès 2030, un test officiel de français ou de néerlandais pour les élus communaux.
En cas d’échec, ceux-ci seraient tenus de suivre des cours intensifs jusqu’à obtention du certificat. « Ce serait une obligation de moyens plus que de résultats », explique-t-elle. « On impose déjà des conditions linguistiques aux bénéficiaires du revenu d’intégration. Il serait logique d’en exiger des élus. »
Un débat sur fond de diversité
Mohammed Kalandar rejette les accusations. Il reconnaît « quelques problèmes d’élocution » mais affirme maîtriser « parfaitement les nuances du français ». « Je parle et comprends le français, le turc, l’arabe et l’anglais. La langue n’est pas une barrière dans mon rôle d’échevin », assure-t-il, dénonçant une « attaque démagogique ».
Le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps (PS), se montre réservé : « Une telle mesure relève de la loi, pas d’un simple conseil communal, et poserait des difficultés d’application. »
Marcela Gori voit dans cette controverse un enjeu de responsabilité collective face aux tensions récurrentes entre camps politiques à Bruxelles : « Les partis doivent veiller à désigner des élus capables de comprendre les décisions qu’ils prennent. »
La Rédaction
(Photo Belgaimage)