Maëlie Kate Jalali est juriste et entrepreneure belgo-québécoise d’origine iranienne. Reza Behrouz est médecin et activiste irano-américain. Il réside au Texas.
Dans les écrits de l’Ayatollah Khomeini, trois éléments frappent de plein fouet : la haine des Juifs, l’élimination du patriotisme et la conquête des peuples par l’islam politique. Ce dernier englobe les deux autres points et constitue une ambition fondamentale, clairement exprimée dans la constitution rédigée par les fondateurs du régime islamique occupant l’Iran depuis 1979. Cette volonté de conquête ne se limite pas aux pays musulmans ; elle vise à instaurer un « gouvernement universel » ou une « communauté universelle unique », et l’obtention de l’arme nucléaire en serait la garantie. Une telle idéologie, raison d’être du régime et inscrite dans sa loi suprême, est non négociable. Face à cette menace croissante, l’Occident porte une responsabilité morale et politique : créer une impasse pour le régime des ayatollahs tout en offrant une ouverture pour le peuple iranien.
Le dialogue États-Unis-Iran : un point de non-retour
Que l’on soit partisan ou pas du président américain, Donald Trump, importe peu aujourd’hui. L’islamisme est aux portes de l’Occident et il requiert une action commune de l’Europe et des États-Unis vis-à-vis de la tyrannie installée à Téhéran, source d’instabilité et de terrorisme. Tandis que certains espèrent une réforme du comportement ou de la diplomatie du régime en Iran, Trump et son administration semblent ne pas céder aux tactiques de manipulation des ayatollahs. Ces tactiques visent à faire croire à l’Occident que ce régime, fondé par des terroristes, serait capable de changer, alors qu’il utilise cette façade uniquement pour s’agripper au pouvoir tout en étendant son influence à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, la diplomatie de l’apaisement laisse place à la diplomatie coercitive. Alea Jacta Est : la campagne de « pression maximale » contre Téhéran est de retour, et le régime des ayatollahs se trouve désormais dans une impasse historique.
Pour une partie des Iraniens opposés au régime, une crainte persiste : celle d’un retour aux négociations, ce qui pourrait mener à une normalisation des relations avec leur oppresseur. Il est pourtant essentiel de comprendre que le droit international et les normes diplomatiques obligent les pays démocratiques à éviter toute forme d’ingérence dans les affaires d’un autre pays. Officiellement, donc, la volonté de provoquer un changement de régime n’est pas exprimée ; officieusement, cependant, cela pourrait en être une conséquence, dans le cadre de la politique de pression maximale.
En attendant, Trump et son administration ont fait valoir leur volonté de s’asseoir à la table des négociations avec Téhéran. Toutefois, il semble qu’à long terme, aucun accord proposé par les États-Unis n’aura pour résultat la survie du régime islamique. Pour quatre raisons fondamentales, le dialogue entre Trump et Khamenei a atteint ou alors devrait avoir atteint le point de non-retour.
Tout d’abord, le régime islamique ne pourra se dissocier de ses piliers, qui sont inconciliables avec les valeurs occidentales : expansionnisme, prosélytisme, inégalité des sexes, désintégration d’Israël, haine de l’Occident. L’arme nucléaire demeure la seule garantie de sa survie, et les nouvelles conditions imposées par les États-Unis, encadrant un éventuel accord nucléaire, sont inacceptables pour le régime.
En second lieu, l’élimination — célébrée par les Iraniens — de Qassem Soleimani, ancien chef de la Force Al Qods et responsable de centaines de milliers de morts en Iran et dans la région, empêche les ayatollahs de signer un accord avec Trump, celui qui a donné l’ordre de cette élimination. Le régime des ayatollahs ne peut se permettre de décourager le peu de soutien qu’il lui reste parmi les islamistes pro-Soleimani.
Par ailleurs, l’implication de Khamenei dans le pogrom du 7 octobre est impardonnable pour Israël, et donc pour les États-Unis. Cela rappelle que l’existence du régime, qui finance le terrorisme et, du moins, encourage la destruction d’Israël, est la principale source d’insécurité permanente pour le pays. L’élimination de ses proxys, tels que le Hamas ou le Hezbollah, ne résoudra pas le problème tant que la source persiste. La survie d’Israël dépend de la dissolution de la tyrannie des ayatollahs.
Enfin, ce point de non-retour entre l’Iran et les États-Unis a été atteint avec le plan d’assassinat de Trump. Un accord suppose généralement une certaine confiance quant au respect des engagements. La question se pose alors : comment accorder sa confiance à un régime qui appelle à l’assassinat du négociateur du deal ? Connaissant Trump, ce doit être le dernier clou dans le cercueil de tout accord favorable au régime de Khamenei.
En conséquence, l’absence d’accord ou la signature d’un accord désavantageux pour le régime islamique, accompagnée de la politique de pression maximale, créera une ouverture pour l’opposition iranienne afin de mettre fin au régime islamique terroriste occupant l’Iran. Cette fenêtre d’opportunité ne sera toutefois pas de longue durée, mais le mouvement national en faveur du changement de régime pourra y jouer un rôle libérateur, et les pays occidentaux pourraient faciliter ce processus en soutenant de manière significative le peuple iranien.
Leader légitime de l’opposition
De l’histoire, on retiendra que tout changement de régime ou révolution populaire doit avoir à sa tête un leader légitime. Un leadership partagé, sous la forme d’un conseil, d’un organe de gouvernance ou d’une commission qui dilue l’influence d’un leader central et légitime, compromettrait inévitablement la capacité du mouvement à conduire un changement de régime porté par le peuple. Une véritable unité doit reposer sur un engagement commun envers les intérêts nationaux de l’Iran et les aspirations de son peuple.
Une unité des forces opposant le régime, visant à favoriser une coopération entre celles-ci, a été amorcée et est dirigée par le prince héritier, Reza Pahlavi, lors du Sommet de Munich du 16 février dernier. Douze principes fondamentaux, basés sur la volonté du peuple et les intérêts nationaux, ont été adoptés par ces organisations. L’opposition à un régime tel que celui de l’Iran ne peut inclure des individus ou des groupes poursuivant des agendas contraires à ces principes. Cependant, plusieurs figures et factions autoproclamées de l’opposition s’adonnent à une stratégie visant à fragmenter et à empêcher l’unité nationale autour du prince, en entretenant une vision mensongère de la dynastie Pahlavi et de son héritier. Leur objectif est de diluer le rôle clé et la légitimité du prince héritier, voire de neutraliser son pouvoir, afin de se positionner après la chute du régime. Par ailleurs, d’autres factions se concentrent sur la promotion et la normalisation des perspectives séparatistes — des efforts qu’aucun gouvernement dans un pays souverain ne tolérerait. S’attendre à une coopération avec ces factions serait non seulement déraisonnable, mais également sans précédent dans une action politique réussie.
Le principal groupe connu pour ses tentatives visant à saper et à empêcher la consolidation de l’opposition authentique contre le régime de la République islamique est le Mujahedin-e-Khalq (MeK) ou appelé aujourd’hui le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI). Le MeK est une secte marxiste-djihadiste largement connue pour son passé de terrorisme et de sabotage. Il se présente comme le principal groupe d’opposition au régime iranien, mais ne bénéficie que de très peu de soutien en Iran et dans la diaspora iranienne. En changeant de forme et en créant de nombreuses organisations complémentaires, le MeK a réussi à dissimuler son idéologie toxique et son histoire sombre. Grâce à une vaste campagne de tromperie menée au fil des années, le MeK a malheureusement réussi à tromper les politiciens occidentaux en leur faisant croire qu’il s’agissait d’un groupe d’opposition légitime et d’une alternative au régime actuel. En réalité, l’objectif principal du MeK est d’empêcher la formation d’une véritable alternative contre le régime de la République islamique.
Avides de pouvoir, les opposants du prince participent ainsi, consciemment ou inconsciemment, à la stratégie du régime islamique, qui consiste à empêcher l’effondrement complet de son pouvoir.
La clé du combat contre le régime des ayatollahs a toujours résidé dans la délégitimation du régime et la reconnaissance de l’alternative légitime. Le régime en est pleinement conscient, et l’Occident devra bientôt prendre la décision de se tenir du bon côté de l’histoire. Selon Reza Khoshhal, doctorant irano-canadien, le fait que le régime et son réseau de lobbying déploient tout leur potentiel contre le Prince Reza Pahlavi envoie un message clair : la République islamique est profondément terrifiée par la force de son leadership et est entrée dans une phase de confrontation directe avec l’alternative.
Finalement, le peuple iranien est catégorique dans sa volonté : un changement de régime porté par le peuple et dirigé par le seul leader digne de confiance, le prince héritier Reza Pahlavi. Reste à savoir si l’Occident, incluant le président américain, est prêt à respecter la volonté d’un peuple qui lutte contre le régime islamiste, non seulement pour sa propre liberté, mais aussi pour celle du monde.
Maëlle Kate Jalali et Reza Behrouz
(Photo Belgaimage)