Pour certains élus bruxellois, comme le député socialiste d’Evere Ridouane Chahid, la situation à Gaza est plus importante que les événements politiques belges. Voilà qui hérisse le poil de Merry Hermanus. Qui rappelle que Bruxelles navigue à vue sans gouvernement depuis presque un an.
Le jour où le gouvernement annonça avec une fierté bien justifiée l’abandon de la sortie du nucléaire – stupidité imposée par le fanatisme écolo –, Ridouane Chahid, bourgmestre in partibus d’Evere, diffusa un tweet ainsi libellé : « Pour certains, le retour du nucléaire marque une date historique. Bon… Mais pour moi, le véritable moment historique sera celui où la Belgique reconnaîtra pleinement l’État palestinien et adoptera enfin des positions fermes, cohérentes, et non à géométrie variable. »
Ces quelques lignes aussi rageuses qu’impérieuses sont très significatives. Une nouvelle fois, elles démontrent que, pour certains élus bruxellois, ce ne sont pas les problèmes bruxellois ou même belges qui comptent, mais exclusivement un conflit qui se déroule à des milliers de kilomètres de notre pays. Je note que lorsque Israël a entrepris ses actions militaires sur Gaza, c’est la commune que dirige M. Chahid qui fut la première à arborer le drapeau palestinien. En revanche, le 8 octobre, il ne lui est pas venu à l’idée de déployer le drapeau israélien en hommage aux 1300 morts et aux 240 otages. Or, comme l’écrit si intelligemment Alain Finkielkraut : « Il est des circonstances… où qui l’on est ne peut se distinguer de ce que l’on est. » Lisant cette phrase, il m’a paru qu’elle avait été écrite pour Mr. Chahid et ses semblables.
Indignation à géométrie variable
Ce qui est à géométrie variable, c’est l’indignation de Mr. Chahid. Il n’a pas déployé le drapeau syrien après les bombardements sur ce pays qui ont conduit à plus de 300.000 victimes, il n’a pas arboré le drapeau congolais en hommage au 5 ou 6 millions de morts dans l’est du Congo. Ou encore le drapeau soudanais, où là aussi la guerre civile aurait fait plus d’un demi-million de morts. Non ! Seules comptent les victimes des horreurs qui se produisent à Gaza…
Pour des gens comme moi, arrimés à jamais aux valeurs universelles, un mort, un seul mort, est un mort de trop, quelle que soit sa religion, sa nationalité, son origine. La sélection, mot horrible que, de fait, opère M. Chahid, est ignoble. Il n’existe pas de « bons » morts médiatiques, dont on parle, que l’on montre, dont on diffuse mondialement ad nauseam l’agonie et ceux qui, dans le silence des médias, l’indifférence des politiques, le mutisme des belles âmes, meurent sans bruit. Il n’y a pas de morts de première classe et d’autres de 2ème ou 3ème catégorie. La mort n’a pas de nationalité, pas de religion, pas de couleur, l’horreur n’a ni passeport ni race.
Parler de Gaza = garantie électorale
Pourquoi M. Chahid parle-t-il sans cesse de Gaza ? C’est simple, l’importation, l’exaltation de ces abominations, des souffrances effroyables des Gazaouis, pourront engendrer des voix, confirmer, soutenir et épaissir un matelas électoral. Dès lors, Mr. Chahid se drape dans l’étendard palestinien pour la pire des raisons, celle qui doit lui permettre de se maintenir au pouvoir. Il utilise le linceul des milliers de morts palestiniens comme marchepied électoral, comme bulletin gagnant de la prochaine élection. Une ignominie sans nom. Procédé à ce point odieux, que je laisse à chacun le soin de le qualifier. Pour ma part, ma gorge se serre et ma plume se brise, je reste halluciné, muet face à un tel degré de cynisme.
Mais il y a encore plus dommageable, car ce tweet est encore une nouvelle manœuvre afin de ghettoïser la population bruxelloise d’origine maghrébine, de l’isoler, de la séparer du reste de la population belge, de la maintenir, de la cimenter dans une identité différente, qu’il s’efforce d’opposer à celle du pays où pourtant elle vit.
Quelles sont les valeurs qu’ainsi Mr. Chahid induit et promeut ? En tous les cas pas celles qui dominent en Belgique, pas celles sur lesquelles est fondée notre civilisation, notre art du vivre ensemble.
Et les problèmes des Bruxellois ?
Il faut, à ce propos, rappeler, que le dernier tract de la campagne électorale, diffusé illégalement le samedi précédant le scrutin, par M. Laaouej n’évoquait que trois thèmes, 1. le voile, 2. l’abattage rituel et 3. la problématique de Gaza ! Les problèmes de Bruxelles, la mobilité, l’enseignement, le chômage, l’urbanisme, la sécurité, l’infernale fiscalité, etc. : pas un traître mot. Est-il nécessaire de préciser que M. Ahidar ne fit qu’une campagne exclusivement communautaire, exigeant notamment le voile partout ?
Gaza, le voile, l’abattage rituel, soit une communautarisation à l’extrême, le confessionnalisme, et un conflit où la Belgique n’a pas le moindre rôle. Oui, la journaliste du Nouvel Observateur a eu raison d’écrire que la Belgique était le ventre mou du ventre mou de l’Europe face à l’islamisme radical.
Les Bruxellois doivent savoir que beaucoup de leurs élus – et non des moindres –, au mieux sont indifférents, au pire n’aiment pas Bruxelles et la Belgique. Ou plutôt ne l’aimeront que lorsqu’elle aura totalement changé d’identité. Quoi qu’il en soit, ils se fichent des problèmes que les Bruxellois affrontent tous les jours. Non ! Le principal, l’essentiel pour eux, c’est le voile partout, l’abattage rituel et Gaza !
Une attitude dangereuse
Le philosophe franco-lituanien Levinas – vous me pardonnerez de le citer malgré sa judéité –, lui-même émigré en France, écrivait s’agissant de son pays d’accueil : « On peut s’attacher par le cœur et par l’esprit aussi fortement que par les racines. » Merveilleuse façon d’exprimer sa volonté d’intégration, le cœur et l’esprit se substituant aux racines du temps long de l’histoire. Il a compris et appliqué la formule magique du vivre ensemble : « s’intégrer sans s’oublier ».
Au vu de leurs actes, de leurs discours, qui peut croire que des élus comme Messieurs Chahid et Laaouej sont attachés à Bruxelles, à la Belgique « par le cœur et par l’esprit aussi fortement que par les racines » ? Arrêtez de rire, car moi j’ai envie de pleurer !
Cette attitude est dramatique, d’abord pour la population d’origine émigrée, qui a en elle des potentialités prodigieuses. En effet, la conséquence est inévitablement un refus de l’intégration, un sentiment de frustration d’être contraint de vivre dans un pays qui ne se plie… pas encore tout à fait… à tous les diktats de l’islam radical tels qu’ils sont relayés notamment par le PS bruxellois. C’est la porte ouverte qui donne tout droit sur le séparatisme.
Un communautarisme qui ne date pas d’hier
Ce n’est pas pour rien que les Bruxellois d’origine immigrée qui ont les moyens quittent, dès qu’ils en ont la possibilité, au plus vite, Bruxelles, ses ghettos, ses interdits et surtout ses insidieuses pressions sociales souterraines organisées sous l’œil bienveillant d’élus du genre de Mrs Laaouej et Chahid. Il y a deux jours, un important reportage à la RTBF donnait la parole à des enseignants, qui expliquaient douloureusement que, dans de nombreux établissements, il n’était plus possible d’enseigner certaines matières. Oui, on en est là et depuis longtemps. Je songe souvent à cet enseignant de l’athénée Marcel Tricot à Laeken qui expliquait, il y a déjà 30 ans, qu’il ne parvenait plus à enseigner. Il fut traité de raciste, de fasciste… Cela va de soi !
Mrs. Chahid, Laaouej et leurs semblables feraient bien de méditer le virage à 180 degrés que vient de prendre le gouvernement travailliste en Grande-Bretagne, suivant ainsi les dispositions récentes prises en Scandinavie. Le communautarisme ne sera non seulement plus toléré, comme il le fut, mais sera rigoureusement banni… en attendant l’inévitable basculement de la France ! Il n’y a pas de doute que notre naïveté, notre respect de l’altruisme, confronté à la pression, à l’entrisme des Frères musulmans, a ouvert toutes grandes les portes de l’Europe à des gouvernements d’extrême-droite.
Il faut cependant remercier M. Chahid pour son tweet, car si pour certains, il le fallait encore, il est maintenant parfaitement démontré que nous avons à Bruxelles des élus qui n’éprouvent pas le moindre intérêt pour les problèmes de leurs administrés, n’étant concernés que par la domination, et les supposées exigences de leur communauté, et elle seule !
On observa que Mr. Chahid évoque un jour historique lorsque la Belgique reconnaîtra l’état palestinien alors que, depuis un an la Région n’a pas de gouvernement à cause de l’ostracisme dont le PS de Laaouej fait preuve ! Et de cela, pas un mot !
Tiens, c’est marrant… je me rappelle que la laïcité faisait partie des fondamentaux du PS et qu’à la fin des congrès, il était courant qu’on chante après l’Internationale « À bas la calotte ». Que pourrait-on bien chanter maintenant ? Je laisse au lecteur le soin d’apporter la réponse, mais pour ma part, un requiem serait opportun.
Merry Hermanus (les intertitres sont de la Rédaction)
(Photos Belga : Kurt Desplenter – Dirk Waem)