Les eurocrates veulent faire payer la Russie en ponctionnant ses avoirs gelés pour financer l’Ukraine. Mais à Bruxelles, Bart De Wever dit non. Et il a raison : on ne joue pas avec le droit international ni avec la confiance financière mondiale.
Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les sanctions tombent par wagons entiers – près de vingt trains de plusieurs milliers de rétorsions économiques. La Russie plie, sans rompre.
Alors, les « grands » Européens – Macron, von der Leyen, les bureaucrates de Bruxelles – ont cru trouver l’idée de génie : saisir les avoirs russes gelés. En clair, dérober les 200 milliards d’euros qui dorment dans les coffres d’Euroclear pour les prêter à l’Ukraine.
Mais le Premier ministre belge Bart De Wever a tiré la sonnette d’alarme. Euroclear, installée à Bruxelles justement pour la solidité de notre cadre juridique en matière de propriété privée, rappelle que sa mission repose sur la confiance des clients – dont beaucoup ne sont pas des démocraties exemplaires. On pense bien sûr aux puissants BRICS. On commence par les avoirs russes : qui sera le suivant ?
Or, Euroclear est un des nombreux joyaux (UE, OTAN, SHAPE, etc.) dont la Belgique peut s’enorgueillir. Ce n’est pas une banque centrale mais « une maison de titres ». En tant qu’organisme de règlement-livraison, elle veille « à l’échange simultané entre les liquidités et les titres » au niveau mondial. Depuis le début de 2025, le chiffre d’affaires de l’entreprise a augmenté de 7 % sur une base annuelle, pour atteindre 1,4 milliard d’euros.
Bart De Wever : « À la recherche de 10 milliards, imaginez que je doive débourser 180 milliards à titre de dommages et intérêts, ce serait complètement fou. »
Le risque est donc colossal. Si la Russie attaque la Belgique devant une juridiction internationale et obtient gain de cause, la facture pourrait se chiffrer en dizaines de milliards. C’est la crainte de Bart De Wever : « À la recherche de 10 milliards, imaginez que je doive débourser 180 milliards à titre de dommages et intérêts, ce serait complètement fou. »
Notre Premier ministre exige donc trois garanties simples :
- la mutualisation des risques entre États membres ;
- la solidarité financière de tous en cas de défaut ukrainien ;
- et la participation de tous les pays détenant des actifs russes.
En clair : pas question que la Belgique serve de cobaye.
Pendant que Macron – crédité de 15 % d’opinions favorables en France – fonce tête baissée dans une opération politiquement séduisante mais juridiquement suicidaire, De Wever garde les pieds sur terre.
Saisir des actifs souverains en pleine guerre serait un précédent catastrophique. Ce serait miner la confiance mondiale dans le système financier, provoquer un retrait massif des fonds des pays émergents et faire de l’euro une monnaie toxique.
La Belgique a tout à perdre à suivre cette dérive idéologique. Et pour une fois, il faut reconnaître à Bart De Wever le mérite de rappeler cette évidence.
Nicolas de Pape
(Photo Ansgar Haase/dpa : le siège d’Euroclear à Bruxelles)