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Tommy Scholtes, porte parole des Évêques de Belgique : « La nomination du nouveau pape a suscité un engouement unique en son genre »

par Maxence Dozin

M. Sholtes estime que l’élection de Léon XIV témoigne d’une Église « attendue » : « les salles de presse du monde entier ont fait preuve d’un intérêt ininterrompu pour les affaires vaticanes depuis le décès du pape François »

21News : Que pensez-vous, au lendemain de sa nomination, du choix de Robert Francis Prevost comme nouveau pape ? Est-ce que c’est un choix qui vous surprend ?

Tommy Scholtes : Personnellement, je ne le connaissais pas beaucoup, mais c’est un choix qui m’a positivement surpris par le parcours varié de ce personnage ; avec des parents de deux nationalités différentes ; ses épisodes de vie aux États-Unis, au Pérou, entre autres. Un homme qui a été missionnaire à la base, pour ensuite devenir évêque, arrivé à Rome et puis supérieur général de son ordre augustinien ; c’est une belle variété !

J’ai compris aussi que c’était clairement le pape François qui l’avait voulu à la congrégation pour les évêques (le dicastère), dont il est devenu préfet et donc cardinal. J’ai donc bien compris que le pape François l’appréciait beaucoup et voulait en tout cas valoriser le personnage. Je déduis aussi à partir de son nom, Léon XIV, qu’il se place dans la continuité de Léon XIII, pour qui les valeurs sociales étaient importantes. Cela me fait plaisir qu’il ait choisi ce prénom, comme François d’Assise avait aussi son premier disciple qui s’appelait Léon. Il y a sans doute un peu d’exagération dans mon chef, mais sans doute est-il d’une certaine manière le neveu de François et le neveu de Saint François d’Assise, au sens d’un « compagnon ».

21News : Que pensez-vous que les cardinaux ont voulu consacrer jeudi à travers leur plébiscite pour le nouveau pape ?

T.S. : Les neuf jours de préparation ont été longs. Tout le monde disait, en parlant des 133 cardinaux présents, qu’ils ne se connaissaient pas beaucoup, puisque de nombreux d’entre eux étaient relativement fraîchement nommés. On escomptait donc qu’il fallait que ces hommes se rencontrent et apprennent à se connaître. Cela a été fait, et on peut penser que ces derniers se sont posés la question de savoir comment porter un choix juste, et cela a été fait, en la personne de quelqu’un de la curie qui a en même temps une grande expérience pastorale.

Le nouveau pape connaît l’Église du monde entier, vu qu’il a été nommé il y a cinq ans à la tête du dicastère pour les évêques. Connaître les candidats évêques, puisque c’est cela qu’il gérait, c’est sentir les problèmes de l’Église au niveau local dans les pays où il faut un nouvel évêque. Léon XIV avait par ailleurs fait l’objet d’une grande unanimité dans sa congrégation lorsqu’il avait été désigné par deux fois supérieur général – la seconde fois en un quart d’heure. C’est donc manifestement quelqu’un qui a le sens de l’élection et qui suscite l’adhésion lorsqu’il occupe une fonction.

21News : Une sorte de capacité à créer le consensus, sans doute. 

T.S. : Oui, et un consensus qui est aussi une sécurité. Moi je pense qu’il fallait quelqu’un de la curie parce que tenir ensemble les différents dicastères et les faire se réunir pour que tout le monde progresse dans la même direction, c’est quelque chose de nécessaire, et en même temps il faut sauvegarder toutes les cultures représentées dans cette curie, ce qui n’est pas une mince affaire. Les cardinaux qui l’ont élu ont donc sans doute pensé que c’était « l’homme de la situation ».

21News : Quel genre de défis voyez-vous se présenter au nouveau pape alors qu’il prend ses fonctions ? Dans cette optique, et sans verser dans la dichotomie entre progressiste et conservateur, dans quelle genre de mouvance pensez-vous que Léon XIV se place au regard de la succession de François ?

T.S. : De François, on disait déjà qu’il était conservateur sur certains points et progressiste sur d’autres. Il était conservateur sur les questions éthiques et progressiste dans la manière de concevoir l’Église et d’accueillir tout le monde au sein de l’institution : réfugiés, personnes divorcées et remariées, etc. Léon XIV risque de se placer dans la même ligne – il en parlé hier, d’ailleurs, au regard justement de « l’accueil ». Vivre tous de la Lumière ? Il en a parlé. Une Église plus collégiale ? Il en a parlé. Tout cela c’est très clair.

Les plus grands défis qui s’offrent à lui, je pense, c’est la paix, élément dont il a parlé tout fraîchement élu. La paix du Christ ressuscité, mais aussi la paix tout court. Il devra donc être un constructeur de ponts, et non pas de murs comme dirait quelqu’un d’autre (…). Toutes les questions, qu’elles soient l’écologie, les réfugiés – qui restent une priorité –, la question des personnes abusées sexuellement dans l’Église, qui est un dossier qui est loin d’être bouclé, car c’est un accompagnement à long terme qu’il faut envisager, et de la prévention et de la gestion des dossiers « ouverts », pour lesquels il est attendu qu’il témoigne d’une tolérance zéro en la matière, seront autant de défis pour le nouveau pape.

Le dialogue inter-religieux et le dialogue œcuménique sont aussi importants, et le décès de François et la nomination de Léon XIV ont apporté le témoignage d’une Église « bien en vie », et c’est heureux. Le nouveau pape doit être conscient que ses débuts seront scrutés tous azimuts, dans la droite ligne du déferlement médiatique constaté ces deux dernières semaines. L’Église est attendue. Les trois « fumées noires » suivie de la « fumée blanche » ont bien montré que les salles de presse de monde entier ont vécu les journées de désignation avec un intérêt tangible. C’est quand même fabuleux que des gens « crient » à l’annonce de la désignation d’un nouveau pape. Je ne vois pas d’autre personnage sur la terre qui suscite un tel émoi dans sa désignation. C’est quand même fabuleux !

Maxence Dozin

(Photo Belgaimage)

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