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Une contre-société en quête de chaos ? (Carte blanche)

par Contribution Externe

L’insécurité dans certains quartiers atteint un tel niveau qu’une étincelle peut tout embraser. Face à cette contre-société, quelles solutions ? Une carte blanche de Carl-Alexandre Robyn, ingénieur-conseil en valorisation de startups, fondateur du Mouvement Droite Moderniste (MDM).

Les émeutes qui secoueront le pays régulièrement sont plus que prévisibles : elles sont inévitables. Faute de s’être attaqué à la sécession culturelle de pans entiers de son territoire, le Royaume de Belgique est condamné à voir ces affrontements se renouveler, dans une violence croissante.

Incendies de poubelles, incendies de véhicules, bâtiments incendiés ou dégradés, attaques de commissariat, de casernes de pompiers et de la sécurité civile, blessés et tabassés parmi les forces de l’ordre, pillages, agressions. C’est déjà le quotidien de la plupart des policiers. Demain ce sera le quotidien d’un nombre croissant de citoyens. Et il est probable que les domiciles des bourgmestres et des échevins soient également assaillis (à la voiture bélier ou par tout autre moyen).

Pour les patrouilles de police d’Anderlecht, de Molenbeek, de Schaerbeek, la situation quasi insurrectionnelle est la réalité quotidienne, presque banale des « quartiers difficiles » de la capitale.

Que cherche réellement à obtenir la gauche progressiste ? La transformation des émeutes en une grande révolution fantasmée ? Ou simplement la consolidation d’une base électorale en apparence acquise ?

Au moindre accident un peu sérieux mettant aux prises quelques jeunes des quartiers défavorisés et les forces de l’ordre (car les assassinats de ces mêmes jeunes entre eux sur fond de trafic de drogue ne provoquent nul émoi dans leurs rangs), c’est l’embrasement. C’est toujours choquant pour le bourgeois, mais pas pour la police, pour eux ce n’est pas une surprise.

« Ça fait des années que tout est en place, confirme une source policière. Il suffit d’un détonateur – presque d’un prétexte. On les connaît, ceux qu’on arrête, ils n’ont pas le moindre message politique.  Casser, voler, taper du flic, se vanter, c’est tout ce qui les anime. Par-dessus ça, une certitude : ils sont chez eux. »

Une certitude qui éclaire le cas même de Nahel, à Bruxelles. « Je roule sans permis, et alors ? Où est le problème, poursuit le policier. Je suis chez moi et, ici, c’est comme ça que ça se passe, dans mon quartier, dans ma vie. » Ce genre d’arguments, nos policiers les entendent tous les jours lors de leurs contrôles.

Et quand dans cette vie de quartier, l’ordre public arrive – en réalité la Belgique -, c’est le choc frontal, le refus, le rejet. Dans ce genre de situation, Bart De Wever n’existe pas, pas plus que le bourgmestre de Bruxelles. Il y a un ennemi – le flic -, et tout ce qui, de près ou de loin, représente son monde.

Flatter les instincts de l’électorat des quartiers des émeutiers a fini par payer. Il faut désormais l’entretenir, le choyer.

La gauche « progressiste » nous parle de personnes accablées de problèmes – la misère, la discrimination, l’oubli. Nous voyons surtout que ces émeutiers brûlent consciencieusement toutes les solutions à ces problèmes : les maisons communales, les crèches, les écoles, les bus. Ce raisonnement ne vaut donc rien.

Autre institution souvent prise pour cible : les bibliothèques. C’est la culture, c’est spécifiquement la Belgique, les livres français, c’est le monde des Blancs, des dominants, un monde qui n’est pas le leur et qu’ils rejettent.

Que cherche réellement à obtenir la gauche progressiste ? La transformation des émeutes en une grande révolution fantasmée ? Ou simplement la consolidation d’une base électorale en apparence acquise ?

Une assise électorale à choyer : les parents et la famille élargie des émeutiers.

Flatter les instincts de l’électorat des quartiers des émeutiers a fini par payer. Il faut désormais l’entretenir, le choyer. Dans le logiciel de la gauche progressiste, les émeutes ne sont donc que l’expression compréhensible (et par conséquent pardonnable) d’une colère jamais entendue par les pouvoirs successifs, le symbole de l’échec de la politique de la ville, la révolte des « laissés-pour-compte » et des minorités. « Ce sont les riches et les puissants qui se sont ensauvagés », « ce sont les policiers qui doivent se calmer et ne plus circuler dans les quartiers au risque de provoquer les jeunes », etc., assurent même certains élus de gauche depuis le confort des plateaux de télévision où ils se laissent aller à toutes sortes de divagations, à toutes les sorties de route.

Ce n’est pas la Région bruxelloise (la Belgique) qui a abandonné ces quartiers – elle y a déversé au contraire des milliards d’euros -, ce sont leurs habitants, quelques-uns, du moins, mais de plus en plus nombreux, qui ont abandonné la Belgique.

Nous sommes face à une haine que la sociologie ne peut pas nous aider à réduire. Il s’agit d’une guerre intérieure, toujours larvée, parfois explosive. C’est une seconde société qui s’insinue dans la nôtre, dans le but affirmé de faire sécession.

Une contre-société, un peuple dans le peuple, voilà où nous ont menés quarante années de renoncement à nous-mêmes. Le gros problème, c’est que ces jeunes, qui sont belges et même désormais nés de parents eux-mêmes devenus administrativement belges, ne se sentent absolument pas belges. Pire : ils en ont honte. C’est très grave mais c’est logique : on ne leur a jamais donné aucun moyen, aucun repère pour le comprendre, pour l’être, tout simplement.

Les quartiers en feu, c’est la Belgique qui ne se transmet plus. Les quartiers en feu, c’est l’école en ruines. Les institutions ne sont jamais expliquées aux élèves. Nos multiples ministres de l’Éducation préfèrent insister sur l’éducation sexuelle ou sur la laïcité, à laquelle personne ne comprend rien. Or, il faut expliquer à un enfant à quoi sert la police, la justice, comment fonctionne le monde qu’il a autour de lui, lui dont les seuls repères sont le quartier.

Faute de faire cela – et nous en sommes si loin ! -, des enclaves se forment, de plus en plus isolées du pays et terriblement hostiles à ce qui le représente. Bien sûr, après quelques jours d’émeutes, le calme revient toujours. Mais qu’est-ce que le calme, dans ces quartiers ? C’est le trafic, la violence sourde contre le professeur, le pompier, le policier, le médecin généraliste, l’urgentiste, l’infirmier…

Le seul espoir, très mince, consisterait en une révolte – une vraie – de gens ordinaires écœurés de voir leur vie partir en fumée. Dans les quartiers difficiles, les émeutiers sont largement minoritaires ; le problème est qu’ils comptent sur l’apathie ou la peur des autres habitants, sur leur complaisance, aussi, parfois, et enfin sur la lâcheté des gouvernements successifs.

S’il semble difficile (ou trop facile) de distinguer l’horizon d’une telle société, l’avenir proche peut d’ores et déjà se deviner.

Carl-Alexandre Robyn, Ingénieur-conseil en valorisation de startups

(Photo Belga : Jens Theys)

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