Vincent de Coorebyter (photo), professeur émérite à l’ULB et président du Crisp a donné une large interview chez nos confrères du Soir ce week-end où il revient sur le MR et son positionnement politique.
Pour lui le MR n’est pas un partie d’extrême-droite et il l’explique : « L’extrême droite présente une série de traits distinctifs qui lui sont consubstantiels et que l’on ne retrouve pas au MR. Elle hiérarchise les races, les ethnies ou les cultures et combat l’idée d’accorder des droits aux étrangers à l’égal des nationaux. Elle cultive une xénophobie viscérale qui rejette la cause de tous nos maux sur les immigrés et qui emploie des slogans sans équivoque (« grand remplacement », « submersion migratoire »…). Elle déteste l’islam, et pas seulement l’islamisme. Elle prône un nationalisme obsessionnel, hostile à l’ouverture et aux échanges et donc à des pans entiers de la construction européenne. Elle combat l’Etat de droit etc. (…) Or qui peut affirmer que l’on retrouve tous ces traits caractéristiques de l’extrême droite, qui en font la définition même, au sein du MR ? J’ai l’impression que quand on qualifie le MR d’extrême droite, on oublie ce qu’est l’extrême droite. »
Pour le politologue, certains confondent aujourd’hui aussi trop facilement la droite et l’extrême-droite : « En Belgique, nous avons connu pendant des décennies une droite modérée qui gouvernait périodiquement avec la gauche et qui nuançait son discours parce qu’elle devait endosser des compromis. Mais en son sein, des élus ont toujours tenu des propos qu’on qualifie aujourd’hui « d’extrême droite » alors qu’ils relèvent d’un combat politique contre les idées progressistes ou contre les relais supposés de la gauche. (…) Mais une ligne de droite n’est pas forcément une ligne d’extrême droite, même quand elle plaît à l’extrême droite. »
Sur le cordon médiatique, le président du Crisp se demande s’il ne doit pas évoluer notamment à cause de l’évolution du mode d’information des citoyens : « Quant à l’extrême droite, un cordon médiatique – que certains jugent être une censure de la part des médias – a l’avantage de ne pas banaliser des thèses délétères ni de risquer de les voir s’exprimer sans pouvoir y répondre efficacement. Mais je m’interroge : ne faudrait-il pas, ponctuellement, débattre avec l’extrême droite sur les sujets qui travaillent l’opinion après s’y être préparé pour pouvoir lui river son clou plutôt que de laisser croire que l’on a peur de ses arguments ? »
Enfin sur les mouvements auto-proclamés « anti-fascistes » il pense que vouloir empêcher une conférence du MR à Saint-Gilles ne va pas dans le bon sens. « Dire que c’est une provocation de la part du MR de tenir une réunion à Saint-Gilles, comme si la commune appartenait à une frange de ses habitants, c’est un peu inquiétant de la part d’un mouvement qui prône une société inclusive. »
La Rédaction
(Photo Belgaimage)