Le secteur de la presse traverse des turbulences en Belgique. Le secteur rencontre beaucoup de défis et est en pleine mutation. En Belgique francophone, c’est la possible fusion entre IPM et Rossel qui fait l’actualité. Xavier Bouckaert, patron de Roularta, grand groupe de presse néerlandophone, a donné au média De Zondag un large entretien dans lequel il revient sur les challenges à relever dans le monde de la presse et sur l’importance grandissante du digital pour le milieu.
« Une tempête pafaite » : pour M. Bouckaert, qui dresse un portrait du secteur de la presse en Belgique, les temps sont durs. Ainsi, et par exemple, les investissements dans le digital sont essentiels mais prennent du temps pour être rentables : « Prenez notre application Mijn Magazine », rappelle le CEO, « qui donne un accès numérique à De Zondag et à nos trente magazines. Il nous a fallu quatre ans pour qu’elle fonctionne correctement. Et le consommateur doit lui aussi s’adapter. Je rencontre encore des lecteurs qui ignorent que nous proposons des abonnements groupés numériques. Nos investissements dans l’offre digitale ont commencé en 2018. (… ) Les fruits de ces efforts ne se récoltent que plusieurs années plus tard. Les revenus issus des supports papier diminuent, tandis que les canaux numériques ne rapportent pas encore assez pour compenser ces pertes. Et je ne parle même pas de la flambée des prix de l’énergie et du papier. »
Pour le patron de Roularta, il faut aussi investir dans le digital pour ne pas se faire écraser notamment par les « Gafam » : « nous devons investir pour ne pas reculer. Si nous ne faisons rien, nous savons que les géants du numérique nous dépasseront dans quelques années. Nous avons des projets en cours pour simplement défendre notre position sur le marché des lecteurs et de la publicité au cours des cinq prochaines années. Ensuite seulement, la croissance sera possible. Mais nous devons d’abord franchir la courbe des investissements. Cela demande, une fois de plus, du temps et de l’argent, avec une issue incertaine. Ce n’est pas ce qu’un investisseur aime entendre. »
Une sortie de cotation assumée
Enfin, Xavier Bouckaert revient aussi sur les opérations en cours sur l’action Roularta et la sortie de bourse : « Pendant des années, nous avons tout tenté pour faire remonter le cours : un dividende attractif, une nouvelle image, une communication renforcée, mais rien n’y a fait. De temps à autre, le cours bondissait, comme en 2017, lorsque nous avons acquis la moitié des actions de Mediafin, l’éditeur des journaux De Tijd et L’Echo. Mais après chaque hausse, le cours repartait à la baisse. Le flottant limité a toujours été un handicap. (…) Cela ne pouvait plus continuer ainsi. Nous avons tout mis à plat, et pris notre décision. Ce sera une offre publique d’achat. »
Le fait que le groupe de presse soit coté constituait également, selon lui, un désavantage par rapport à ses concurrents. « (Ces derniers) n’auront plus accès à nos chiffres internes. Pour une entreprise cotée, les obligations de transparence sont lourdes. Il faut tout rapporter, dans le détail : vision, stratégie, croissance interne et externe, activité par activité. En somme, il faut se mettre à nu, tout seul. Car nos concurrents ne sont pas cotés. Ils savent tout sur nous, mais n’ont pas à publier leurs propres chiffres. Cela nous met en désavantage concurrentiel. »
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