Ce lundi 5 mai, le Concours musical Reine Elisabeth ouvre les portes de sa 21e édition consacrée au piano dans le mythique Studio 4 de Flagey, à Bruxelles. Symbole d’excellence pour de jeunes virtuoses venus du monde entier, l’événement conserve une auréole de prestige qui fait encore rayonner la Belgique sur la scène musicale internationale. Pourtant, la fréquentation n’a plus rien à voir avec les grandes heures du concours, autrefois véritable phénomène national, suivi avec ferveur à la radio, dans les journaux et même dans les cafés.
60 pianistes, sur les 70 initialement retenus, participeront à la première épreuve publique qui se tiendra du 5 au 10 mai. Deux Belges sont en lice : Valère Burnon (mardi 6 mai à 20h00) et Roeland Vermeulen (jeudi 8 mai à 20h00). Mais malgré l’éclat du cadre et la qualité des candidats, une critique revient d’année en année : le concours semble s’être figé dans une formule académique, voire un peu scolaire, presque pont-aux-ânes pour bêtes à concours même si le premier lauréat est généralement un tout grand artiste.
À l’exception d’une œuvre contemporaine imposée, souvent redoutée voire redoutable, les finalistes interprètent inlassablement les mêmes concertos : Rachmaninov 3 (voire le 2, jamais le 4 ou le 1), Prokofiev 2, Brahms 2, Tchaïkovski 1. Jamais le deuxième concerto de ce dernier, encore moins ceux de compositeurs moins connus mais tout aussi riches comme Scharwenka, Dohnányi, Paderewski ou Medtner. Un choix répétitif qui déçoit parfois les mélomanes curieux, lassés de voir l’épreuve reine se limiter à un répertoire balisé, certes flamboyant, mais sans prise de risque ni imagination.
À quand une modernisation ?
Nous sommes au XXIe siècle et il est rare qu’on entende un concerto du XXe siècle, à l’exception du 2e de Prokoviev.
Quant au séjour d’une semaine à la Chapelle Reine-Elisabeth, cela fait du concours quelque chose d’exceptionnel (la solitude de l’apprenti soliste loin de son maître), mais en définitive ce n’est plus une épreuve si redoutée.
Le public reste néanmoins au rendez-vous, notamment les amateurs profanes qui remplissent encore la salle ou suivent les épreuves via Auvio ou le site du concours. Hélas, ce bel élan populaire ne débouche que rarement sur une fidélisation au concert classique. Une fois la fièvre médiatique retombée, l’enthousiasme s’évanouit, et le concert symphonique redevient un rendez-vous confidentiel.
Les 24 demi-finalistes seront proclamés le samedi 10 mai vers minuit. La demi-finale se tiendra du 12 au 17 mai, suivie de la finale, du 26 au 31 mai. Comme chaque année, les concerts des lauréats clôtureront l’édition en juin, dans une atmosphère toujours aussi solennelle… mais à quand le souffle du renouveau ?
Nicolas de Pape
Relire mon “Meurtres au Reine-Elisabeth” (Éditions Luce Wilquin) sous le pseudonyme de N.A.J. Guermant.
(Photo Belga : Laurie Dieffembacq)