Les frappes israéliennes vont-elles précipiter la fin du régime des Mollahs ? Ce serait une excellente nouvelle, pour Mélissa Amirkhizy, Iranienne exilée en Belgique, présidente de l’Assemblée consultative du MR.
Chaque matin, à l’école en Iran, on nous alignait pour scander : « Mort à Israël », « Mort à l’Amérique ». On brûlait des drapeaux, on glorifiait la haine. À la maison, nos parents ne disaient rien. Pas par adhésion, mais par peur. Peur qu’un mot répété à l’école déclenche la machine à broyer. La République islamique ne nous apprenait pas à penser — elle nous apprenait à haïr.
Parler d’Israël était interdit. Le simple fait d’évoquer le nom pouvait faire de vous un traître. Et moi aussi, comme tant d’autres, j’ai grandi dans cette propagande, jusqu’à ce que je quitte ce pays, que je découvre la liberté, que je commence à comprendre. À lire. À désapprendre.
Et aujourd’hui, depuis mon exil, quand j’entends certains politiciens — ici, en Europe, souvent à gauche — dénoncer comme une “violation du droit international” l’élimination ciblée de dirigeants du régime iranien, j’ai envie de hurler.
Où étiez-vous, vous tous, les défenseurs de la loi, quand notre peuple se faisait massacrer ?
Où étiez-vous quand des adolescentes étaient violées dans les prisons avant d’être pendues ?
Quand des enfants de 15 ans étaient exécutés en public pour avoir chanté une chanson ?
Quand des mères recevaient la facture de la balle qui avait tué leur fils ?
Quand des milliers d’opposants étaient enterrés dans des fosses communes sans nom, sans procès, sans justice ?
Quand, pendant le Novembre sanglant, ils tiraient dans les jambes des manifestants avant de leur mettre une balle dans la tête ?
Quand ils ont exécuté des milliers de jeunes après le mouvement “Femme, Vie, Liberté” ?
Quand ils ont coupé l’internet pendant le Mouvement vert pour massacrer 6 000 personnes en trois jours ?
Quand ils ont abattu le vol PS752 et tué 176 civils innocents ?
Vous étiez là. Mais vous vous taisiez.
Et aujourd’hui, parce que des bourreaux tombent, vous vous souvenez soudain du droit international ?
Ces derniers jours, plusieurs hauts responsables de la République islamique ont été éliminés. Radan, Shamkhani, Qa’ani… Tous complices de répression, de torture, de guerre. Ils finançaient le Hamas et le Hezbollah, armaient les Houthis, radicalisaient les milices chiites, soutenaient Assad, et envoyaient drones et missiles sur des civils. Ils ont du sang syrien, libanais, yéménite, palestinien et iranien sur les mains.
Et pour la première fois, le régime est frappé au cœur. À Téhéran, en une seule journée, des frappes ont visé :
- Le ministère de l’Intérieur,
- Le siège des Gardiens de la Révolution,
- Le ministère du Renseignement,
- L’Organisation de l’énergie atomique,
- Le Parlement,
- Le QG des unités spéciales anti-émeutes,
- La maison de Khomeini à Jamaran.
Le grand bazar est fermé. Les stations-service sont à l’arrêt. Le pays est à genoux.
Mais dans les rues, pour la première fois depuis longtemps, le peuple ne se cache plus.
Les Iraniens ne murmurent plus leur colère : ils la hurlent.
Ils applaudissent la mort de ces terroristes. Ils crient “Mort à Khamenei” à pleine voix.
Ils ont peur, bien sûr — mais ils sont soulagés. Soulagés de voir enfin un pouvoir criminel affaibli.
Soulagés que ceux qui les ont détruits soient, à leur tour, frappés.
Et je dois le dire clairement : sauver l’Iran, c’est aussi protéger l’Europe.
Aujourd’hui, nous voyons en Europe des gens défendre le Hamas, le Hezbollah ou même la République islamique d’Iran. Nous voyons la montée de la radicalisation chiite, les centres islamistes extrémistes, les relais idéologiques du régime dans certaines mosquées ou associations prétendument « culturelles ».
Des groupes comme Samidoun, sous couvert de solidarité, répandent la propagande d’un régime qui assassine son propre peuple.
Mais nous, Iraniens, savons ce que cela signifie. Nous l’avons vécu.
Et je ne suis pas la seule à le penser : l’Occident est naïf. Dangereusement naïf.
Il protège encore des idéologies qui, chez nous, ont mené à la dictature, à la guerre, à la mort.
Le peuple iranien, lui, ne pleure pas. Il respire.
Pendant 45 ans, la République islamique a tué, emprisonné, violé, exilé. Elle a manipulé la cause palestinienne pour masquer ses crimes. Et pendant 45 ans, vous, gouvernements et intellectuels occidentaux, avez gardé le silence.
Aujourd’hui, Israël frappe. Non pas des civils. Mais ceux que vous avez laissés intouchables pendant des décennies.
Des assassins. Des bourreaux. Des chefs d’orchestre de la terreur.
les Iraniens ne demandent pas vos discours creux, mais votre lucidité.
Ils ne veulent pas votre compassion ponctuelle, mais votre courage politique.
La République islamique est une menace, non seulement pour notre peuple, mais pour la stabilité de toute une région – et de l’Europe.
La complaisance a nourri le monstre. Le silence lui a laissé le champ libre.
Il est temps de choisir votre camp. Il est temps d’ouvrir les yeux.
Mélissa Amirkhizy, présidente de l’Assemblée consultative du MR
(Photo AFP : explosion au-dessus de Teheran, 16 juin 2025)