Tony Blair prépare-t-il un retour sur la scène proche-orientale ? L’ancien premier ministre britannique, âgé de 72 ans, a participé mercredi à une réunion organisée à la Maison-Blanche sur l’avenir de Gaza, annonce Le Figaro. Entre 2007 et 2015, Tony Blair fut l’envoyé spécial du Quartet (États-Unis, Russie, Union européenne et Nations unies) chargé du processus de paix israélo-palestinien.
Lors de la réunion de mercredi figuraient également Jared Kushner, gendre de Donald Trump et homme d’affaires influent, ainsi que l’émissaire américain Steve Witkoff. Objectif affiché : transformer la bande de Gaza, ravagée par près de deux ans de guerre, en une « plaque tournante commerciale et touristique moderne » – voir notre article de plus tôt ce jour. Peu d’éléments ont filtré de cette rencontre, qualifiée de « grande réunion » par Witkoff.
Interrogée par la presse britannique, sa fondation, le Tony Blair Institute for Global Change (TBI), reconnaît être en contact « avec de nombreux groupes et organisations ayant des plans pour l’après-guerre ». Mais elle assure « n’avoir jamais soutenu ni développé d’initiative visant à relocaliser les Gazaouis », comme Donald Trump en a eu l’idée plus tôt au printemps.
Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui coûta la vie à plus de 1 200 Israéliens, Israël mène une offensive militaire ayant fait, selon le Hamas et les Nations unies, plus de 60 000 morts côté palestinien, en majorité des civils. L’enclave est en ruines, la famine y sévit, et les négociations sur un cessez-le-feu comme sur la libération des otages piétinent. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou affirme vouloir prendre le contrôle de Gaza-ville dans les prochaines semaines et en expulser les habitants vers le sud. Jeudi encore, seize Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes.
Une image ternie par la guerre en Irak
La réputation de Tony Blair reste marquée par son soutien à l’invasion de l’Irak en 2003. Aujourd’hui, via sa fondation, il agit discrètement : il a rencontré Jared Kushner et Steve Witkoff à la Maison-Blanche en juillet, le jour même où Benyamin Netanyahou s’entretenait avec Donald Trump à Washington. Selon Axios, Blair aurait ensuite informé Mahmoud Abbas, chef de l’Autorité palestinienne, du contenu de ces discussions. Kushner, de son côté, a échangé avec Netanyahou en Israël.
L’intérêt de l’ancien chef du gouvernement britannique pour Gaza remonterait à la présidence Biden. D’après Axios, il avait alors noué des contacts avec le ministre émirien des affaires étrangères, Cheikh Abdallah Ben Zayed. Blair est également réputé proche de Netanyahou et de son conseiller Ron Dermer, chargé des dossiers d’après-guerre à Gaza. « Blair a toujours été complaisant avec Netanyahou, se souvient son ancien collaborateur. Il n’a rien fait pour soutenir Mahmoud Abbas et a contribué à discréditer l’Autorité palestinienne. Sa mission au Quartet a été un échec. »
Selon The Guardian, le projet exploré par TBI s’appuierait sur des investisseurs israéliens et des schémas financiers développés par des cabinets de conseil américains. Une nouvelle illustration, pour ses détracteurs, de la reconversion de Tony Blair dans les réseaux d’affaires liés au Proche-Orient.
La rédaction
(Photo Belgaimage)