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La Fédération des investisseurs privés part à la conquête de la Belgique francophone : « Il faut booster notre culture financière »

par Nicolas de Pape

Carine Jungbluth, ingénieur civil et passionnée de finance depuis plus de quarante ans, pilote un projet inédit : implanter la puissante Fédération des investisseurs privés (VFB) en Wallonie et à Bruxelles. Objectif : combler le retard en culture financière et mobiliser les petits épargnants francophones face à la redoutable et délétère future taxe sur les plus-values.

21News : Quand avez-vous décidé d’élargir la VFB, active en Flandre, à la Belgique francophone ?

Carine Jungbluth : C’est un projet que je caresse depuis 2011. Je fête mes 65 ans aujourd’hui. J’ai rejoint la VFB en 2010 après la disparition d’une initiative francophone, Investa (anciennement active avant 2009). C’est grâce à un ancien fichier datant d’avant 2009 que j’ai pu commencer à recontacter des personnes du côté francophone. Depuis quelques années, la BNB et Febelfin encouragent la VFB à soutenir une telle initiative car le besoin est évident. Mieux encore, c’est une nécessité : pour les citoyens, pour notre économie, notre industrie, et pour notre système de sécurité sociale,… On ne peut plus compter sur l’État pour notre pension : il nous faut prendre nous-même notre avenir en main. Cela passe par l’activation de notre épargne : on travaille pour notre argent, et il est temps que cet argent travaille aussi pour nous !

21News : Quel a été le déclic interne à la VFB ?

Carine Jungbluth : Depuis le 1er janvier, nous avons un nouveau président, Vincent Van Dessel (ancien directeur de la Bourse de Bruxelles et d’Euronext). Parfaitement bilingue, il a convaincu tout le conseil d’administration de soutenir l’extension vers Bruxelles et la Wallonie. Son argument : la menace d’une taxe sur les plus-values. Pour défendre les petits investisseurs, on ne peut pas se contenter de “la moitié du pays”. Il faut toute la Belgique. Sur un ton humoristique, notre CEO a rebaptisé la VFB : La Vadrouille de la Finance Boursière. La vadrouille, parce que nous voulons rassembler tous les petits investisseurs belges. Ensemble, nous voulons faire entendre notre voix, contribuer à la mise en place d’un cadre propice à l’investissement pour tous, et partager nos expériences dans un esprit d’éducation financière.

21News : Pourquoi dites-vous “Belgique francophone” plutôt que “Wallonie” ?

Carine Jungbluth : Parce que Bruxelles est au cœur du projet (et compte une large majorité de francophones). On veut s’y implanter, pas seulement en Wallonie mais partout en Belgique. On aura besoin de tout le monde pour réussir.

Lancement opérationnel : webinaires, clubs boursiers, premiers événements

21News : Concrètement, qu’avez-vous déjà lancé ?

Carine Jungbluth : Le 17 juin, nous avons tenu notre premier webinaire francophone : revue des marchés d’avril à juin (“Libération Day” et le trimestre). Un deuxième webinaire est programmé le 22 octobre 2025 (Revue des marchés financiers). Devise : “Think big, start small.”

21News : Et sur le terrain ?

Carine Jungbluth : Je pars en prospection des clubs boursiers francophones. Grâce à la presse, j’en ai retrouvé deux :

  • La Salle boursière de Charleroi, qui comptait jusqu’à 200 membres à sa belle époque. Son nouveau président depuis début 2025 est Monsieur Sergio Stocco.
  • Un club bruxellois, présidé par Régis Martinage, appelé « Le Pactole ».

21News : Des dates publiques ?

Carine Jungbluth : Oui : samedi 25 octobre, 10h, à Charleroi, je donnerai une Revue des marchés financiers en présentiel.

Moyens, modèle, sponsors : comment financer l’extension

21News : Quels sont vos moyens aujourd’hui ?

Carine Jungbluth : J’ai toute l’équipe néerlandophone derrière moi pour la logistique et les contenus (slides, préparation). Je travaille encore à temps plein (je suis ingénieur civil en informatique) mais l’investissement est aussi ma passion depuis plus de 40 ans. Pour l’instant, c’est moi qui donne les conférences en présentiel et les webinaires. Clairement, nous voulons établir un réseau de volontaires, d’experts, de CEO/CFO, d’analystes, de journalistes, ainsi que de tous les investisseurs passionnés par la bourse et les finances.

21News : Quel est le modèle économique de la VFB ?

Carine Jungbluth : La VFB compte 6.200 membres payants en Flandre et touche environ 25.000 personnes. Son modèle économique repose pour moitié sur les cotisations de ses membres, et pour l’autre moitié sur des sponsors, principalement des sociétés cotées et des institutions financières. C’est également le master plan pour le sud du pays : développer une base francophone solide, avec le même équilibre entre membres et partenaires.

  1. Prouver l’intérêt : montrer qu’il existe un public francophone d’investisseurs particuliers (par les webinaires et événements).
  2. Convaincre les sociétés cotées d’augmenter leur sponsoring afin de financer un site web francophone, des événements francophones (petits et grands), des congrès et, à terme, une revue francophone.
  3. Recréer des rendez-vous financiers réguliers (sur le modèle flamand), notamment à Charleroi et à Bruxelles. La VFB défend l’idée qu’investir est un acte social, créant une communauté où l’on se soutient mutuellement.

21News : Pourquoi ne pas lancer des adhésions tout de suite ?

Carine Jungbluth : Parce que nous n’avons pas encore de revue francophone. La revue flamande fait 90 pages sur papier glacé : c’est beau… et coûteux (impression, envoi). Tant qu’on n’a pas un minimum de contenus en français, nous ne lançons pas encore d’adhésions payantes.

« Historiquement, le sud était plus “rouge” (au sens sociopolitique), mais les dernières élections ont montré des évolutions “plus bleues”. »

21News : La culture financière est-elle moins développée au sud du pays ?

Carine Jungbluth : On l’entend souvent. Mais je ne le ressens pas comme un rejet de principe. Albert Frère était bien wallon… C’est vrai qu’il y a un effet richesse : il y a sans doute plus de personnes fortunées en Flandre, ce qui nourrit un écosystème d’investissement plus dense (clubs, événements, sponsors). Cela change côté francophone : les salles se remplissent et les demandes arrivent, y compris après l’article de La Libre qui nous est consacré. Un objectif central de la VFB est justement de changer la manière dont on parle des « investisseurs ». Ce ne sont pas des égoïstes, bien au contraire. Investir, c’est peut-être l’acte le plus social que l’on puisse poser avec son argent :

  • on soutient des entreprises,
  • on participe à l’économie réelle,
  • on partage des connaissances,
  • et on construit ensemble un avenir plus autonome et solidaire.

21News : Et côté politique/sociologique ?

Carine Jungbluth : Historiquement, le sud était plus “rouge” (au sens sociopolitique), mais les dernières élections ont montré des évolutions “plus bleues”. La culture financière progresse avec la pédagogie : écoles, clubs, conférences. Veuillez noter que notre CEO, Ben Granjé (ancien directeur de Morningstar), intervient sur le thème de l’investissement en Wallonie depuis plus de 20 ans et il a toujours été le bienvenu. L’intérêt a toujours été présent, mais ce qui manquait, c’était l’éducation. Rassurons-nous : chacun qui souhaite prendre son avenir en main peut trouver son chemin vers la bourse. Formation, écoles et volume de participation

21News : Visez-vous les grandes écoles de commerce francophones ?

Carine Jungbluth : Oui, c’est un rêve. Mon partenaire pour les slides est professeur à la Haute École Artevelde (formation de futurs private bankers). En Flandre, un séminaire ETF attire 1.200 personnes. Si on atteint 100 en Wallonie au départ, ce sera déjà très bien. Le potentiel est là. C’est une operation ‘bottom up’.

21News : Qu’est-ce qui vous a convaincue à l’origine ?

Carine Jungbluth : La qualité de la VFB : un mensuel de 90 pages sur papier glacé, de grands congrès au Kinepolis ou ICC avec des CEO et CFO de sociétés belges, des événements très structurés. On y apprend vraiment beaucoup. Et on s’y amuse.

21News : L’objectif ultime ?

Carine Jungbluth : Diffuser la culture financière en Belgique. À l’école, on n’enseigne ni la gestion financière personnelle, ni la planification successorale, ni l’investissement. Or, des décisions politiques (comme une taxe sur les plus-values) peuvent frapper directement les épargnants. Informer et défendre les petits investisseurs, c’est notre cœur de mission.

Propos recueillis par Nicolas de Pape

(Photo Belga : Nicolas Maeterlinck / C.J.)

Événements à venir

Séminaire exclusif VFB – Situation actuelle des marchés financiers
Animé par Carine Jungbluth, administratrice et responsable de la partie francophone de la VFB

Au programme :

  • Enjeux macroéconomiques et politiques
  • Valorisation des marchés et comportements d’investisseurs
  • Taux d’intérêt & alternatives défensives
  • Comment se préparer à une crise
  • Top 5 personnel
  • Session Questions / Réponses

Participation à distance

Date : Mercredi 22 octobre 2025
Heure : 20h00
 En ligne via Zoom
Même si vous ne pouvez pas assister en direct, inscrivez-vous !
Tous les inscrits recevront automatiquement l’enregistrement du webinaire dans les 24h.
Inscription gratuite mais obligatoire via ce lien :
Lien d’inscription via zoom

Participation en présentiel

Date : Samedi 25 octobre 2025
Heure : 10h00
 Brasserie Le Castelin – Salle Boursière de Charleroi
 Place de l’Hôtel de Ville, 13
 6200 Châtelet
Inscription gratuite mais obligatoire via email carine_jungbluth@hotmail.com

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