Le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra (photo), a reconnu mardi à Luxembourg que le futur volet du marché européen du carbone ne pouvait « trop peser sur les citoyens et les entreprises ». Une déclaration qui traduit l’embarras croissant de la Commission face à une politique climatique de plus en plus coûteuse pour l’économie réelle.
À partir de 2027, les distributeurs de gaz, d’essence et de diesel devraient être forcés d’acheter des quotas d’émission de CO₂, un coût inévitablement répercuté sur le consommateur. Ce nouveau système, baptisé ETS2, étendra le marché du carbone à la quasi-totalité des activités quotidiennes, alors que le dispositif initial (ETS1) ne visait jusqu’ici que l’industrie lourde, le transport aérien ou maritime.
Plusieurs États membres, inquiets des effets inflationnistes et de la perte de compétitivité que ce mécanisme pourrait provoquer, plaident désormais pour reporter la mise en œuvre du ETS2 à 2030. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a dû en prendre acte dans un courrier adressé aux chefs d’État et de gouvernement avant le sommet européen de jeudi. Elle y évoque la nécessité de rendre le système « plus robuste et plus équitable », notamment en instaurant une réserve destinée à stabiliser les prix — autrement dit, à amortir les hausses trop brutales du coût du carbone.
Hoekstra, tout en répétant le discours convenu sur la « transition juste et équitable », a admis qu’une nouvelle flambée des coûts de l’énergie « réduirait le soutien public aux efforts en faveur du climat ». Une mise au point qui sonne comme un aveu : les objectifs dits de « neutralité climatique » à l’horizon 2050 se heurtent désormais à la réalité sociale et économique d’une Europe déjà fragilisée par la désindustrialisation et la perte de pouvoir d’achat.
La Rédaction
(Photo : Hans Lucas Collection)