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Scandale de corruption en Ukraine : l’épreuve de vérité du système Zelensky

par Harrison du Bus
(Credit Image: © Pou/ROPI via ZUMA Press)

Un vaste réseau de pots-de-vin autour du géant nucléaire Energoatom, impliquant un proche historique de Volodymyr Zelensky et plusieurs hauts responsables, plonge Kiev dans l’une de ses plus graves crises politiques depuis l’invasion russe. Entre colère intérieure et inquiétude des alliés, l’Ukraine se retrouve sommée de prouver que la lutte anticorruption n’est pas qu’un slogan.

Au centre de la tempête, c’est une affaire qui mêle argent, énergie et proximité avec le président. Les enquêteurs du Bureau national anticorruption (NABU) et du Parquet spécialisé anticorruption (SAPO) disent avoir démonté un système de détournement d’environ 100 millions de dollars dans le secteur énergétique, construit autour de la compagnie nucléaire publique Energoatom. Des sous-traitants auraient été contraints de verser des commissions de 10 à 15 % pour décrocher des contrats, notamment pour des infrastructures censées protéger les installations énergétiques des frappes russes.

Selon les autorités anticorruption ukrainiennes, celui qui tirait les ficelles n’est autre que Timour Minditch, homme d’affaires de 46 ans, copropriétaire de Kvartal 95, la société de production qui a lancé Zelensky quand il était humoriste. Minditch est soupçonné d’avoir contrôlé l’accumulation, la redistribution et le blanchiment de fonds d’origine criminelle, en s’appuyant sur ses « relations privilégiées » avec le président. Prévenu à temps, il a quitté l’Ukraine juste avant les perquisitions, et serait désormais à l’étranger.

Démissions en cascade et sanctions présidentielles

L’onde de choc politique a été immédiate. À la demande de Volodymyr Zelensky, deux ministres clés ont présenté leur démission : Svitlana Gryntchouk, ministre de l’Énergie, et Guerman Galouchtchenko, ministre de la Justice et ancien patron de l’Énergie pendant quatre ans. Un vote du Parlement doit entériner leur départ. À Energoatom, le vice-président a été suspendu, tout comme le conseil de surveillance, considéré par les enquêteurs comme un rouage central du dispositif de corruption.

Sous pression, le président a annoncé des sanctions contre Timour Minditch et un autre homme d’affaires cité dans le dossier, avec gel de leurs avoirs, mais n’a pas directement commenté les accusations contre son ancien partenaire. Pour beaucoup d’Ukrainiens, le geste reste insuffisant et des ONG contre la corruption réclament des licenciements plus vastes, « sans exception, y compris au sein du cabinet du président ». L’idée que ce système ait pu prospérer dans l’entourage immédiat de Zelensky alimente la suspicion qu’il ait fermé les yeux ou qu’il n’ait pas vu venir la dérive.

Colère populaire dans un pays plongé dans le noir

Sur le fond, le scandale tombe au pire moment pour une société épuisée par près de quatre ans de guerre. Les frappes russes visent méthodiquement le réseau énergétique, provoquant des coupures d’électricité et de chauffage à l’approche de l’hiver. Dans ce contexte, apprendre que des responsables se seraient enrichis sur des contrats censés renforcer la résilience du système est vécu comme une félonie.

Dans les rues de Kiev, des habitants interrogés parlent d’écœurement et d’ennemis de l’intérieur qui volent l’avenir du pays. Sur les réseaux sociaux, les sarcasmes se multiplient, mêlés à l’inquiétude réelle que ce type de scandale nourrit le discours de ceux, en Europe et en Amérique du Nord, qui dénoncent depuis longtemps une corruption endémique en Ukraine pour justifier leur désengagement. Le choc symbolique est d’autant plus viral que Zelensky avait été élu en 2019 précisément sur la promesse d’assainir l’État après les années Poroshenko.

Un système anticorruption qui fonctionne… sous pression

Pourtant, une partie de la société civile voit aussi dans cette affaire la preuve que les garde-fous mis en place après Maïdan ne sont pas purement décoratifs. Le NABU et le SAPO, créés après la révolution de 2014, apparaissent ici comme les acteurs centraux de la mise au jour du scandale, avec des mois d’enquêtes, des écoutes téléphoniques, des perquisitions et des inculpations de personnalités de premier plan, y compris un ancien vice-Premier ministre, Oleksiï Tchernychov.

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