Après une nuit de négociation, le gouvernement fédéral a validé un accord budgétaire destiné à redresser les finances publiques d’ici 2029. L’effort total atteint 9,2 milliards d’euros, répartis entre réductions de dépenses et nouvelles recettes fiscales. Le Premier ministre Bart De Wever a salué un compromis présenté comme solide et fondé sur un principe central : la solidarité.
Au total, 60 % de l’effort proviendra d’économies et 40 % de nouvelles recettes. Deux milliards découleront de diverses corrections budgétaires, tandis que 1,9 milliard seront dégagés grâce au retour progressif de 100.000 malades de longue durée vers l’emploi. Par ailleurs, un milliard d’euros reposera sur une contribution accrue des contribuables les plus aisés. L’exécutif prévoit aussi 2,7 milliards d’économies supplémentaires grâce à une baisse attendue des charges d’intérêt.
Aucune hausse généralisée de la TVA n’est prévue, mais plusieurs catégories de biens et services verront leur taux augmenter. Les nuitées en hôtels et campings, les abonnements sportifs, les repas à emporter et les pesticides seront désormais davantage taxés, ces derniers passant de 12 à 21 %. Ces ajustements devraient rapporter 600 millions d’euros. En parallèle, la TVA sur les boissons non alcoolisée diminuera, elle passera de 21 à 12%. Du côté de l’énergie, les accises sur le gaz résidentiel augmenteront progressivement, tandis que celles sur l’électricité seront réduites, dans le but d’encourager une consommation plus durable.
Concernant les salaires, l’indexation automatique reste globalement en vigueur mais sera modifiée pour les revenus les plus élevés. En 2026 et 2028, la partie du salaire dépassant 4.000 euros brut ne sera pas indexée. Un salarié à 5.000 euros verrait ainsi l’ajustement suspendu sur 1.000 euros. Les allocations sociales seront soumises au même traitement : la part dépassant 2.000 euros ne sera pas indexée à deux reprises, aux mêmes périodes.
À l’inverse, l’accord prévoit plusieurs mesures en faveur des revenus les plus bas. Le salaire minimum augmentera de 50 euros à partir du 1er avril 2025.
Le consommateur international sera également concerné par de nouvelles taxes. Les colis provenant de plateformes extérieures à l’Union européenne, seront soumis à un prélèvement de 2 euros. La taxe sur les vols courts, quant à elle, passera à 10 euros par billet.
Les patrimoines les plus importants seront plus sollicités. La taxe sur les comptes-titres doublera, passant de 0,15 % à 0,30 %, apportant environ 460 millions d’euros de recettes supplémentaires. Les sociétés de management verront aussi leur fiscalité passer de 15 % à 18 %. Au total, les mesures ciblant les « épaules les plus larges » devraient rapporter un milliard d’euros.
La lutte contre la fraude connaîtra un renforcement marqué avec le recrutement de 370 agents supplémentaires au sein d’un parquet financier dédié. Sur le plan social, le gouvernement espère ramener 100.000 malades de longue durée vers l’emploi d’ici 2029, sur un total estimé à 500.000, ce qui représenterait une économie de 1,9 milliard d’euros. Il a également été confirmé que les périodes de maladie resteront assimilées pour les pensions.
Bart De Wever a qualifié cet accord de « deuxième accord de gouvernement », estimant que « tout le monde sera touché », mais que cette trajectoire permet de stabiliser les finances publiques sans recourir à une hausse généralisée de la pression fiscale. Les prochaines étapes consisteront à traduire ces mesures en textes législatifs puis à organiser leur mise en œuvre dans les mois à venir.
J.PE
(BELGA PHOTO JONAS ROOSENS)