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L’audiovisuel public français sur le banc des accusés

par Harrison du Bus
Photo by Alain Apaydin/ABACAPRESS

Dans les prochains mois, l’audiovisuel public fera l’actualité lorsqu’il répondra à l’Assemblée nationale du triptyque explosif de, sa neutralité, son fonctionnement, et son financement. La commission d’enquête parlementaire sur l’audiovisuel public qui s’ouvrira le 25 novembre à la Chambre est inédite ; elle arrive consécutivement aux suspicions d’un entre-soi idéologique à France Télévisions et à Radio France, et au moment où leur modèle économique vacille. Comme le titre le Figaro, les initiateurs de cette commission veulent « sortir les cadavres du placard » et mettre « tout le monde sur le gril ».

Derrière l’affiche un peu spectaculaire, c’est pourtant une bataille politique de fond qui s’engage autour d’un service public financé par tous, contesté par beaucoup, et protégé par une partie de la classe politique.

Une commission portée par la droite

La commission d’enquête est née du droit de tirage du groupe Union des droites pour la République (UDR) présidé par Éric Ciotti. Son rapporteur, le député Charles Alloncle mènera une cinquantaine d’auditions étalées sur treize semaines dont le rapport sera attendu entre fin mars et début avril. La première journée donnera le ton avec l’audition de Martin Ajdari, président de l’Arcom, suivront Delphine Ernotte (France Télévisions) le 10 décembre, puis Sibyle Veil (Radio France) le 17, avec la possibilité de les rappeler en fin de parcours.

Cette distribution dépasse largement les seuls dirigeants de chaînes ; les journalistes vedettes (Léa Salamé, Élise Lucet, Patrick Cohen, Thomas Legrand), les animateurs emblématiques (Nagui, Patrick Sébastien, Julien Lepers), les producteurs influents (Mediawan, Banijay, Together Media), les membres de la Cour des comptes, voire un ancien président de la République, François Hollande dont le rôle supposé dans la nomination de Delphine Ernotte est déjà mis en cause par les déclarations d’un ex-président du CSA, passeront tous devant la commission.

Cette montée en puissance nourrit immédiatement les soupçons d’instrumentalisation politique. À gauche, Sophie Taillé-Polian parle d’une commission d’enquête contre l’audiovisuel public et pas sur l’audiovisuel public. Céline Calvez redoute une instance à charge, transformée en « tribunal » ou en « politique spectacle ». Même au centre, certains déplorent l’élection à la présidence de Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) avec les voix de l’UDR et du RN, au détriment d’Erwan Balanant, candidat du bloc central.

Les intéressés se défendent. Patrier-Leitus insiste sur sa volonté d’éviter une « commission spectacle » et de ne pas faire de l’instance un tribunal d’inquisition. Charles Alloncle assure ne pas demander de privatisation et vouloir se laisser éclairer par les travaux. Néanmoins, la création même de cette commission, initiée par un groupe allié au RN, s’inscrit dans la défiance ancienne d’une partie de la droite à l’égard d’un service public perçu comme un bastion culturel de la gauche, pour qui cette commission sera donc forcément galvaudée.

Quatre milliards d’euros, des déficits et des choix contestés

Au-delà du théâtre politique, l’enjeu budgétaire est massif. Depuis la suppression de la redevance, le financement de l’audiovisuel public repose sur l’affectation d’une part de TVA ; c’est-à-dire que tous les Français paient, peu importe qu’ils regardent ou écoutent le service public, et environ 4 milliards d’euros sont accordés chaque année à l’ensemble du secteur (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, INA, Arte France).

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