Entretien avec Diane Drory, psychologue spécialiste de l’enfance et de l’adolescence (photo), qui nuance les discours catastrophistes sur les écrans. Si elle reconnaît l’ampleur des risques, elle insiste surtout sur la nécessité de repenser l’éducation, de renforcer la régulation publique et de rendre aux parents leur rôle d’accompagnement attentif. Entretien.
21News : Voyez-vous aujourd’hui une situation particulièrement critique concernant les enfants et les adolescents face aux écrans ? Ou s’agit-il d’un phénomène parmi d’autres dans l’histoire moderne ?
Diane Drory : C’est clairement un phénomène de notre époque. Nous ne reviendrons pas en arrière : la machine est là, le monde numérique est installé, et il n’existe plus de réalité sans écrans. Ce serait illusoire de vouloir le nier ou de rêver d’un retour au monde d’avant. La question n’est donc pas de supprimer, mais de comprendre, d’adapter, de réguler. Il faut réfléchir à la façon de rendre ces technologies utiles, maîtrisées et adaptées aux jeunes.
On ne peut pas penser un monde « sans numérique ». On peut, en revanche, penser un monde où il est mieux utilisé, mieux encadré, mieux expliqué.
21News : Vous parlez de régulation. Pour vous, cela relève d’abord des politiques publiques ?
D.D. : Oui, en grande partie. Il y a un contrôle structurel à exercer du côté des politiques : mettre des cadres, poser des limites, bloquer ce qui doit l’être. Cela ne veut pas dire tout interdire ni rêver d’une pureté impossible, mais enfin… nous sommes face à des multinationales, des algorithmes extrêmement puissants. Un parent seul ne peut pas lutter contre ça.
Mais au niveau des familles, il y a un rôle fondamental : expliquer, informer, clarifier, parler du pour et du contre, faire comprendre les dangers réels. Les parents doivent être conscients de ce que les écrans provoquent au niveau du cerveau, du développement, de l’attention. Quand je vois des bébés d’un an, installés dans leur poussette avec un écran en main, je me dis que beaucoup n’ont pas conscience des effets neurologiques que cela peut avoir.
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