Les antifascistes sont-ils devenus les nouveaux fascistes, comme l’a déclaré le président du MR Georges-Louis Bouchez après les incidents de Liège? La phrase provocatrice lancée par le président du MR a enflammé le débat politique et les réseaux sociaux cette semaine. Comparaison n’est pas toujours raison, même si certains comportements des Antifas suggèrent des similitudes évidentes avec les fascistes historiques. Tentative d’analyse…
Première balise importante : les antifascistes contemporains ne sont pas des fascistes sur le plan idéologique, mais certains usages récurrents de la menace et de la violence peuvent rappeler, par certains aspects, les débuts du fascisme historique, ce qui nourrit la charge polémique de la formule de Georges-Louis Bouchez sans pour autant la valider totalement sur le fond. L’enjeu est moins de décider s’ils sont « les nouveaux fascistes » que de mesurer en quoi des pratiques de lutte radicale peuvent, paradoxalement, fragiliser les principes démocratiques qu’ils prétendent défendre.
La banalisation du « fascisme »
L’antifascisme naît dans les années 1920 comme mobilisation de gauche contre la montée des régimes fascistes, puis contre le nazisme et leurs héritiers néofascistes. Il se revendique classiquement de l’égalité, de la démocratie parlementaire ou participative, des droits sociaux, de la défense des minorités et de l’antiracisme, soit l’exact inverse des projets autoritaires, nationalistes et hiérarchiques portés par le fascisme historique.
Les « antifas » actuels renvoient à un ensemble de collectifs autonomes d’extrême gauche, souvent informels, présents dans plusieurs pays européens, qui se réclament de l’action directe contre les mouvements d’extrême droite et, plus largement, contre des institutions jugées « fascisantes » (police, État, certains partis, médias). Leur horizon idéologique mêle antiracisme, anticapitalisme, féminisme, lutte contre l’homophobie et la transphobie, ce qui élargit la catégorie de « fascisme » à presque toutes les formes de domination perçues.
Ce déplacement a une conséquence majeure : la notion de « fasciste » devient polémique et extensible, au point d’étiqueter comme tels des adversaires politiques classiques de centre-droit ou de droite libérale, comme le MR, pourtant sans aucun lien réel avec les régimes totalitaires du XXe siècle. Cette « fascisation » banalisée de l’adversaire abâtardit le compromis et justifie, aux yeux d’une partie des militants, des formes d’entrave radicale au débat public.
Abonnez-vous pour lire l'article en entier.
Apportez votre soutien à la rédaction de 21News en souscrivant à notre contenu premium.