« Le prix de l’électricité a augmenté de 120% ces dix dernières années, c’est trois à quatre fois l’inflation», martèle Anne Lauvergeon, invitée ce lundi chez nos confrères du Figaro.
L’ancienne patronne d’Areva vient de publier un livre «Un secret si bien gardé» (Grasset), titre qu’elle donne également à un chapitre de l’ouvrage qu’elle dédie à la sous-utilisation du parc nucléaire français.
« EDF s’est réjouie de ses 11,4 milliards de bénéfices nets mais est à 67% d’utilisation de son parc nucléaire, ce qui nous classe avant-dernier dans le monde en la matière, devant l’Afrique du Sud. Et ce n’est ni une question d’Europe, puisque la moyenne continentale d’utilisation du parc est de 85%, ni de durée de vie des centrales, puisque les réacteurs américains sont utilisés 91% du temps depuis 10 ans. Produire moins, c’est avoir une électricité plus chère, des factures plus élevées et donc de meilleurs résultats financiers. Ou alors il y a eu des arrangements passés avec les autorités de tutelle, mais rien en théorie ne s’oppose à ce qu’EDF produise davantage », dénonce l’ex-patronne d’Areva dans « Points de Vue » (Le Figaro TV).
Elle dénonce durant cette émission la politique énergétique chaotique de la France. « En 2019, Emmanuel Macron annonce qu’il ferme 14 réacteurs, dont Fessenheim, puis annonce en 2022 qu’il faudra 14 réacteurs supplémentaires à l’avenir. Ça fait 28 réacteurs de différence ! Et tout prête à croire que malgré les débats qui se tiennent en ce moment à l’Assemblée, la feuille de route est déjà décidée. On garde le nucléaire à son niveau actuel de 340 TWh, et on multiplie par quatre le photovoltaïque, par deux l’éolien terrestre et par 35 l’éolien offshore. Or, comme le disait Louis Gallois sur votre plateau, tout ça nécessite des investissements et le raccordement est aux frais de la communauté française. Ce coût se paie directement sur la facture de chaque consommateur. »
La Rédaction
(Photo : Mychele Daniau / AFP)