Professeur en électromécanique à l’ULiège, Damien Ernst a vécu de près la gigantesque coupure de courant qui a touché la péninsule ibérique, puisqu’il se trouve lui-même sur place. Son analyse est précieuse pour comprendre ce qui s’est réellement passé sur le réseau. Et ses perspectives ne sont pas réjouissantes. Interview.
21News : Vous êtes actuellement en Espagne. Comment la coupure de courant massive qui touche la péninsule s’est-elle matérialisée pour vous ?
Damien Ernst : Je suis effectivement en Espagne pour l’instant, dans un petit village perdu dans la Sierra Norte, à 80 km au nord de Séville. Je m’y isole fréquemment pour faire de la recherche fondamentale au calme. Lundi, vers 12 h 30, il y a eu une coupure de courant. J’ai très vite appris qu’il s’agissait d’un blackout et qu’il touchait l’ensemble de la péninsule ibérique. Je savais dès lors que la situation était très mauvaise et qu’il faudrait des heures à l’opérateur de réseau de transmission espagnol, Red Eléctrica (le ELIA espagnol), pour « reconstruire » le réseau.
Je savais aussi que j’allais perdre ma connexion internet assez rapidement, pour une durée indéfinissable a priori. J’ai donc annulé toutes les réunions internet que j’avais l’après-midi. L’internet a effectivement été perdu à 13 h 55. Le courant est revenu un peu après deux heures du matin. On parle donc d’un blackout d’une durée de 14 heures qui a touché plus de 55 millions de personnes… C’est colossal !
Un faible couplage entre l’Espagne et la France
21News : Les autorités parlent d’une « oscillation » dans les flux électriques. Comment expliquer — simplement — ce que cela signifie ?
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