Claude Moniquet et Genovefa Étienne livrent, dans ce premier volume de “Comprendre le 7 octobre” (Édition du Félin), une synthèse très complète et nuancée des racines du conflit israélo-palestinien. Loin des slogans et des biais idéologiques, leur ouvrage revient aux origines historiques, culturelles et politiques du drame du 7 octobre 2023. Une lecture salutaire, à l’heure des simplismes moraux et des indignations sélectives.
Le 7 octobre 2023, plus de 3.000 combattants du Hamas, du Jihad islamique et d’autres groupes islamistes franchissent les barrières de sécurité israéliennes. Des attaques terrestres, aériennes et maritimes coordonnées visent des localités civiles, des kibboutz, un festival de musique dans le désert du Néguev. Le bilan humain est effroyable : 1.200 morts, des milliers de blessés et environ 250 otages. L’attaque évoque, par sa sauvagerie, les pogroms de l’Empire russe ou les exactions médiévales. Le caractère antisémite de l’attaque est manifeste et revendiqué. Pour Emmanuel Macron, il s’agit du « plus grand massacre antisémite du XXIe siècle ».
Mais la sidération en Israël n’est pas partagée universellement. Dès le 9 octobre, des manifestations pro-palestiniennes éclatent dans plusieurs capitales occidentales, parfois sans aucune condamnation du Hamas. L’ouvrage pointe cette « indignation sélective » et l’explosion subséquente des actes antisémites en Europe (multipliés par 5 à 10 selon les pays). Ce contexte justifie l’enquête engagée par les auteurs : pourquoi le conflit israélo-palestinien continue-t-il de cristalliser autant de passions, souvent déconnectées des faits ?
Deux nationalismes
Plutôt que de livrer une charge politique, les auteurs choisissent une démarche historique, dépassionnée et factuelle. Ce premier volume revient sur la genèse du conflit, en retraçant les racines anciennes de la présence juive en Terre sainte et l’émergence parallèle du nationalisme palestinien. Leur objectif : permettre au lecteur de « sortir du manichéisme » pour appréhender la complexité d’un conflit où deux légitimités s’opposent sur une même terre.
Le livre s’ouvre par une fresque historique retraçant l’ancien Israël biblique, la chute du Second Temple, les débuts de la diaspora juive et la persécution multiséculaire dont furent victimes les Juifs, tant en terre chrétienne qu’en terre musulmane. Moniquet et Étienne rappellent qu’il y eut toujours une présence juive en Palestine, même après l’exil. À partir du XIXe siècle, cette présence se densifie avec les premières alyah (retours) de Juifs persécutés en Russie et en Europe de l’Est.
Les auteurs montrent que le sionisme politique, né en réaction aux pogroms et à l’antisémitisme d’État, visait à créer un abri national pour un peuple sans défense. Herzl, Pinsker, puis Ben Gourion et d’autres entendent répondre à l’échec de l’assimilation par la construction d’un État refuge. Cette idée, loin d’être unanimement acceptée à l’époque, reste un projet minoritaire au sein du judaïsme mondial jusqu’à la Shoah.
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