Accueil » Bruno Colmant : « Nos hommes et femmes politiques ne parviennent plus à articuler des projets de société »

Bruno Colmant : « Nos hommes et femmes politiques ne parviennent plus à articuler des projets de société »

par Maxence Dozin

L’économiste s’est longuement épanché pour 21News sur les blocages politiques et sur l’avenir du pays, dénonçant notamment la particratie ainsi que l’absence de projets de société viables à long terme.

21News : Vous notez dans votre livre1 que « le système capitaliste néolibéral a pour objectif de dépolitiser tout en instrumentalisant l’État pour satisfaire les exigences des marchés ». En résulterait une « perte de valeurs collectives », sous le poids de cette instrumentalisation des marchés qui elle-même favoriserait l’extrémisme. Quelles genres d’alternatives, toutefois, à un marché libre et à une libre circulation des capitaux, des biens et des services ?

Bruno Colmant : Le capitalisme néo-libéral tel qu’on le connaît actuellement est basé sur l’économie de marché. L’économie de marché postule que la formation des cours boursiers se fasse de manière optimale pour autant qu’il n’y ait aucune friction qui vienne les contrecarrer : donc pas d’impôt et pas de taxe. C’est selon cette logique que les marchés boursiers sont jugés « efficients », ce qui devrait – selon ladite logique –, se traduire par « omniscients ». Finalement, le néo-libéralisme, avec son corollaire de finances de marché, a donné naissance à l’économie de marché : tout est marché, tout doit être fragmenté, fluide. Lorsque je dis que l’économie de marché veut dépolitiser les choses, c’est au sens où elle veut, elle impose, que chaque unité de travail et de capital soit mobile « à souhait ».

21News : Mais comment donc éviter les excès de ce système, qui en vient donc, selon vous, à rendre impossible pour le politique d’articuler un projet de société à long terme ?

B.C. : En optant pour un État dit « régulateur », comme on en avait dans les années 1950-1960 ; époque où il y avait un alignement du privé et du public, où le politique n’était pas soumis plus que de raison à la logique des marchés. Je crois par ailleurs qu’avoir délégué au marché un grand nombre de décisions a empêché de mettre en œuvre des politiques de long terme, effectivement, car leur temporalité ne s’alignait pas avec celle du marché. 

21News : On observe depuis quelques mois, peut-être quelques années, une certaine radicalisation du débat public, avec des partis politiques qui deviennent de plus en plus idéologues ; de plus en plus identitaires, à gauche comme à droite. Se pourrait-il qu’ils ignorent que la paix sociale a un coût, qu’on ne vit pas dans un monde théorique, et que, bien que les idées puissent être brillantes, percutantes, le facteur humain devrait toujours inviter à un certain compromis. Qu’en pensez-vous ?

Abonnez-vous pour lire l'article en entier.

Apportez votre soutien à la rédaction de 21News en souscrivant à notre contenu premium.

S'abonner

Accédez à tout notre contenu Premium. Un large choix d'articles disponibles.

You may also like

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?