Dans le bureau d’Adrien Dolimont, face à la Meuse, les touches personnelles sont rares. Depuis son arrivée à l’Élysette, le jeune ministre-président wallon, pragmatique, n’a pas sacrifié beaucoup de temps à la déco. Pas le genre de la maison. Quelques maillots de champions cyclistes lui rappellent que c’est dans l’effort et, d’une certaine manière, dans la souffrance que la Wallonie doit retrouver le chemin de la croissance, de la prospérité et de la stabilité budgétaire. Le boulot pour relancer la Région ne manque pas et le conclave budgétaire qui doit se conclure dans les prochaines heures représente un col hors-catégorie pour son gouvernement. Un crash-test qui évaluera la solidité de la coalition.
21News : Adrien Dolimont, bonjour. On est en plein conclave budgétaire wallon. On entend beaucoup de signaux d’alerte sur le sujet : situation catastrophique, risque de déclassement de la note, charge de la dette énorme. C’est mission impossible ?
Adrien Dolimont : Cette épée de Damoclès financière pend au-dessus de la tête de la Région wallonne depuis un certain temps. Quand je suis devenu ministre du Budget, en janvier 2022, j’ai mis la soutenabilité des finances publiques au centre de mon action. Depuis, on travaille à la réduction du déficit : on était quand même à 4 milliards au moment de la prise de fonction. On est à 3 milliards, un peu moins de 3 milliards aujourd’hui, et on continue à travailler. Le niveau de déficit, la différence entre les recettes et les dépenses, est conséquent… Si je dois simplifier le propos, c’est 21 milliards de dépenses pour 18 milliards de recettes. Donc évidemment, ce différentiel, on doit bien le financer quelque part et donc on va sur les marchés.
21News : Donc, il faut rester crédible aux yeux de ceux qui vous prêtent de l’argent…
Adrien Dolimont : Oui, c’est pour cela qu’il est important de travailler à cette rigueur budgétaire. Pour garder la confiance des marchés, pour pouvoir emprunter aux meilleures conditions possibles pour financer ce différentiel entre les recettes et les dépenses. Aujourd’hui, la charge de la dette, de notre stock de dette — le stock de dette, c’est environ un petit 40 milliards —, cette charge de dette, c’est plus de 650 millions par an. On paie 650 millions de charges de dette par an, même pas de remboursement de capital, de charges de dette. Si on met ça en parallèle avec une politique publique, par exemple la petite enfance consolidée en Fédération Wallonie-Bruxelles et en infrastructures en Wallonie, c’est environ 730 millions. Si je fais un autre parallèle avec, par exemple, la politique de mobilité en Région, c’est plus de 800 millions. Donc on voit qu’aujourd’hui cette charge de la dette a des proportions similaires à des politiques publiques essentielles. Et donc c’est important de maîtriser cette augmentation parce qu’à un moment donné, ça risque d’être étouffant et on va perdre des capacités d’action politique.
« La rigueur budgétaire, c’est ce qui nous évite l’austérité. »
21News : Donc, vous devez faire des efforts et des choix… douloureux…
Adrien Dolimont : Aujourd’hui, on est dans une période où l’État doit se poser la question : est-ce qu’on est capable de tout faire ? Non. On doit plutôt se concentrer sur les missions de base et surtout bien faire ces missions de base. Donc oui, la situation est préoccupante. Donc il faut avoir cette crédibilité auprès des institutions qui nous notent et qui nous donnent un peu notre grade pour aller chercher des moyens dans telles ou telles conditions. Et donc je pense qu’il faut continuer dans la direction qu’on a prise : c’est la bonne direction et c’est surtout pour préserver nos leviers d’action publics.
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