Bruxelles récidive. Après avoir infligé aux habitants le fameux « sapin électronique » il y a quelques années – ce totem lumineux qui avait transformé la Grand-Place en showroom de gadgets -, voilà que la Ville remet ça avec une crèche de Noël… en tissu. Une installation sans visage, sans émotion, sans incarnation. Une crèche qui ressemble davantage à un projet d’école d’art qu’à une célébration de la Nativité.
On nous servira, comme d’habitude, le discours attendu : art contemporain, écologie, réflexion sur les traditions, déconstruction des codes, inclusivité. Mais ce que les Bruxellois voient, eux, c’est surtout leur argent s’évaporer dans un bricolage conceptuel qui n’a rien de festif. Après le sapin électronique, voici donc la crèche fantomatique : même logique, même mépris du bon sens et du beau.
Car Noël n’est ni la fête du recyclage ni celle de l’artefact abstrait. Noël est la fête du visage, de l’incarnation, du geste humain. On ne met pas une crèche de Noël sans visage, tout comme on ne remplace pas un sapin par une structure électronique prétentieuse. À force de vouloir réinventer tout ce qui fonctionne, Bruxelles finit par effacer le cœur même de la tradition.
Le plus inquiétant, c’est que la précédente majorité de la Ville comme l’Église locale ont validé ce concept. Deux institutions pourtant censées être en prise avec leurs bases – fidèles comme citoyens – et qui semblent ici totalement déconnectées.
Cette crèche de tissu symbolise la dérive esthétique de certains élus : fascination pour l’expérimental subventionné, rupture systématique, anti-beau revendiqué. Comme si la beauté devait être suspecte, la tradition ringarde, et l’émotion populaire remplacée par un concept.
Résultat : Bruxelles fait de nouveau les gros titres et devient, une fois de plus, la risée internationale.
Nicolas de Pape
(Photo Belgaimage)