Denis Ducarme (MR) est bien décidé à dissoudre les Frères musulmans. Un rapport (qu’il avait demandé aux services de renseignement belges en 2022) identifiait déjà la menace que l’organisation frèriste représente pour notre pays. Mais, comme beaucoup d’autres rapports, il a été négligé, la coalition Vivaldi s’en souciant comme d’une guigne. Pour le libéral, on a peut-être une occasion unique de combler deux décennies de lâcheté face à ce fléau qui menace, au premier chef, les musulmans eux-mêmes.
21News : Il y a eu un rapport sur les Frères musulmans en France, avec un chapitre sur la Belgique, commandé par Macron et déclassifié par Retailleau. Mais ici, en Belgique, on n’a pas vraiment de rapport official, si ?
Denis Ducarme : Si, il y en a un, assez alarmant d’ailleurs et plutôt bien fait. Mais avant d’y venir, prenons une seconde pour contextualiser les raisons qui me poussent à réclamer la dissolution des Frères Musulmans dans notre pays si vous voulez bien… Ce sujet, je le suis depuis longtemps. Déjà, avant 2014, avant Daech et la vague d’attentats qui a secoué l’Europe et notre pays, on avait eu à la Chambre un débat sur la question de se doter ou non d’une base légale pour pouvoir interdire certains groupes extrémistes et radicaux, comme c’est le cas en France ou en Allemagne. À l’époque, personne n’avait voulu aller dans cette direction.
Pourtant, on constatait déjà que ces structures pouvaient devenir des viviers pour la radicalisation, le terrorisme et même le djihadisme. Je parle évidemment de « Sharia for Belgium », qui de structure islamiste radicale avait évolué vers le rôle de premier recruteur belge pour l’« État Islamique ». Dans le même sens, on s’est rendu compte, durant le travail de la commission « attentats », que le Centre islamique de Bruxelles, enceinte soi-disant strictement cultuelle et dont le fonctionnement était assuré par un accord de coopération entre l’Arabie saoudite et la Belgique, était surtout dédié à relayer des messages radicaux et à diffuser une idéologie à caractère islamiste en Belgique.
J’ai été membre de la Commission d’enquête mise en place après les attentats du 22 mars 2016, et on avait formulé plusieurs recommandations courageuses. Malheureusement, je n’ai pas réussi à l’époque à faire inscrire dans les recommandations finales votées par la Chambre la volonté de se doter d’un instrument législatif destiné à dissoudre certaines organisations radicales, comme cela existe dans de nombreuses démocraties libérales. Le droit belge, très libéral sur ce point, ne prévoyait pas ce type de dispositif.
Pourtant, ces organisations extrémistes posent problème. C’est pourquoi j’ai continué à travailler sur ce dossier, et déposé une proposition de loi sous la législature « suédoise », elle fut longuement débattue mais pas adoptée. Lors des négociations de l’accord de gouvernement, mandaté par Georges-Louis Bouchez, j’ai été, entre autres, chargé de négocier le volet sécurité de l’accord. J’ai introduit la proposition dans les discussions, et on a pu, après d’assez longs échanges, s’engager à introduire dans l’accord de gouvernement une base légale qui permettrait, à terme, dans notre pays, de dissoudre les groupes extrémistes et radicaux.
« Dans un rapport de 2022, on lit noir sur blanc que la Sûreté de l’État considère les Frères musulmans comme une priorité à suivre, une organisation extrémiste dont l’objectif est l’islamisation de notre société. »
21News : Donc il existe bel et bien un rapport belge sur les Frères musulmans ?
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