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ÉDITO – Un accord de soumission, la faute à von der Leyen mais aussi à 30 ans de manque de vision

par Nicolas de Pape

L’accord tout juste conclu entre Bruxelles et Washington, abaissant certains droits de douane américains à 15 % pour les produits européens, est présenté par la Commission comme une victoire. En réalité, c’est un marché de dupes — un compromis asymétrique qui révèle, une fois de plus, la position de faiblesse de l’Union européenne sur la scène mondiale.

Plus inquiétant encore, il illustre l’incapacité chronique de l’UE à défendre ses intérêts économiques, industriels et stratégiques face à une Amérique qui, elle, sait ce qu’elle veut. Sous pression, Ursula von der Leyen cède. Elle négocie, mais sans levier. Elle signe, mais sans contreparties dignes de ce nom. Le résultat : 15 % de droits de douane, soit une taxe punitive à  contre la promesse européenne de ne pas riposter. Une reddition diplomatique présentée comme une avancée.

Ce deal n’est pas une faute isolée. Il est le symptôme d’une trajectoire de trente ans, au cours desquels l’Europe a méthodiquement désarmé sa base industrielle, sacrifié sa souveraineté énergétique, et confié sa sécurité militaire à des puissances extérieures. Ce n’est donc pas une surprise si, aujourd’hui, nos batteries viennent de Chine, notre gaz des États-Unis, et nos équipements militaires souvent des Etats-Unis. Sans oublier notre retard chronique en matière d’intelligence artificielle – tous les géants d’internet qui investissent massivement dans cette révolution technologique sont aux Etats-Unis ou en Chine. La faiblesse de Mme von der Leyen dans cette négociation n’est pas seulement personnelle ou conjoncturelle. Elle est le produit d’un système européen qui a préféré la régulation à l’ambition, la morale au pouvoir, et la dépendance à la projection. Le contraste avec une Amérique sûre d’elle-même, protectionniste assumée, et résolument tournée vers son intérêt national, est brutal.

L’Europe a besoin d’un électrochoc. Ce dernier accord doit être vu pour ce qu’il est : un énième signal d’alarme. Il ne s’agit plus seulement de négocier de meilleurs termes, mais de changer radicalement de posture. Réindustrialisation, autonomie stratégique, protection de nos marchés, et affirmation politique sont désormais des conditions de survie.

Nicolas de Pape

(Brendan SMIALOWSKI / AFP)

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