En plein été, une pétition a pulvérisé tous les records : plus de 1,3 million de signatures en moins de deux semaines contre la loi Duplomb, jugée anti-environnementale. Lancée par une étudiante de 23 ans, Eléonore Pattery, cette mobilisation inattendue reflète un rejet profond des régressions écologiques impulsées par une partie de la classe politique française.
La loi, portée par le sénateur Laurent Duplomb (LR), lui-même agriculteur de formation, entend « faciliter le métier ». Mais elle rouvre la porte à des pratiques controversées : réintroduction de pesticides (dont l’acétamipride, interdit depuis 2018), soutien aux élevages intensifs et aux mégabassines. Sur les réseaux sociaux, scientifiques, ONG et personnalités politiques, dont Dominique de Villepin, ont participé à amplifier la contestation.
Une procédure d’adoption controversée
La procédure parlementaire elle-même a suscité la controverse : pour accélérer l’adoption, les débats ont été évités grâce à une manœuvre procédurale inédite. Le texte a été validé le 8 juillet grâce aux voix conjuguées des Républicains, du RN et d’une partie des députés macronistes. Dans l’hémicycle, l’adoption de cette loi a en tout cas fédéré dans le mécontentement la quasi-intégralité de la gauche. Fleur Breteau, fondatrice du collectif « Cancer Colère », a interpellé les élus : « Vous êtes les alliés du cancer ! ».
Le Conseil constitutionnel doit encore se prononcer, et un débat public pourrait avoir lieu à la rentrée. Mais la pétition, aussi massive soit-elle, n’a pas de valeur contraignante. Reste à savoir si les élus entendront cette mobilisation citoyenne inédite, ou si elle se transformera en contestation dans la rue.
La rédaction
(Guillaume BAPTISTE / AFP)