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Le drapeau palestinien, étendard détourné de l’ultra-gauche violente (Opinion)

par Nicolas de Pape

On laissera aux historiens la querelle érudite : symbole de souveraineté nationale ou appel au djihad ? Pour les uns, le drapeau palestinien incarne une cause légitime, comparable à celles des Kurdes, des Québécois, des Écossais, des Corses, des Basques, des Irlandais ou des Catalans : la quête d’un État. Hérité de la révolte arabe de 1916 et de l’idéologie panarabe, il associe les couleurs des grandes dynasties du monde arabe – noir des Abbassides, blanc des Omeyyades, vert des Fatimides et rouge hachémite – et s’inscrit dans l’histoire des luttes de libération du XXᵉ siècle.

À l’inverse, ses adversaires y voient un drapeau de conquête, un appel au califat, une bannière religieuse plus que nationale. Mais au fond, cette querelle importe peu pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui : le drapeau palestinien est devenu l’étendard obsessionnel d’une ultra-gauche violente qui l’instrumentalise bien au-delà de sa signification originelle.

La semaine dernière à Liège, le Mouvement réformateur rendait hommage à Jean Gol, l’un de ses fondateurs, figure du libéralisme belge. Sa tombe avait été profanée la veille par des antisémites. Et sur la place du 20 août, ce n’est pas la mémoire juive qui était visée mais bien le MR, son président et l’idée même de libéralisme. Dans cette mise en scène, le drapeau palestinien n’avait rien à voir avec la cause palestinienne : il servait d’arme visuelle, brandie comme une provocation contre nos institutions.

Car désormais, l’ultra-gauche ne sort plus dans la rue sans cet étendard. Non par solidarité avec Gaza – dont elle se soucie finalement à la marge –, mais parce qu’il est devenu le signal de ralliement d’un mouvement qui entend déstabiliser nos démocraties occidentales.

Ceux qui, au nom d’un humanisme de façade, réclament en urgence la reconnaissance d’un État palestinien devraient ouvrir les yeux : ce geste censé délégitimer le Hamas alimente en réalité l’activisme d’une gauche radicale qui vise à délégitimer non pas Israël, que les activistes savent immunisés et imprenables, mais la Belgique, la France, et les valeurs que leurs drapeaux symbolisent. Le 22 septembre, une cinquantaine de mairies françaises (sur… 35.000 mais de très grandes villes comme Lyon), pour l’essentiel socialistes, ont hissé le drapeau palestinien. Ce n’était pas un acte de solidarité : c’était un signal politique. Celui d’une entreprise de substitution symbolique où l’étendard palestinien sert à affaiblir le drapeau français, celui de la laïcité, de l’égalité entre les sexes et de la liberté.

Nicolas de Pape

(Photo by Mauro Scrobogna / LaPresse)

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