Le centriste Rodrigo Paz, 58 ans, a remporté le second tour de la présidentielle en Bolivie avec 54,5 % des voix, mettant fin à vingt ans de gouvernements socialistes. Héritier d’une dynastie politique, il promet un « capitalisme pour tous » et la réouverture du pays au monde, dans un contexte de crise économique aiguë et d’inflation record.
La Bolivie tourne la page de deux décennies de gouvernements socialistes. Le sénateur centriste Rodrigo Paz, 58 ans, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle avec 54,5 % des voix, contre 45,4 % pour son adversaire de droite Jorge “Tuto” Quiroga, selon le Tribunal suprême électoral cité par Le Figaro.
Héritier d’une influente dynastie politique – son père, Jaime Paz Zamora, dirigea le pays dans les années 1990 –, Rodrigo Paz succédera le 8 novembre à Luis Arce, qui renonce à un second mandat après avoir traversé la plus grave crise économique du pays depuis quarante ans.
La fin d’un cycle socialiste
Sous Evo Morales (2006-2019) puis Luis Arce, la Bolivie avait poussé très loin le virage à gauche : nationalisations, rupture avec Washington et alliances avec le Venezuela, Cuba, la Chine, la Russie et l’Iran. Mais la chute des exportations de gaz, faute d’investissements, a asséché les réserves en dollars et rendu intenable la politique de subvention des carburants. L’inflation dépasse 23 %, les stations-service sont à sec et les files de véhicules s’étirent sur des kilomètres.
Le désenchantement populaire s’est traduit par un effondrement historique du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti de Morales, tombé à 3 % des voix au premier tour.
Un ton modéré, une promesse de consensus
Économiste de formation, Paz se présente comme un centriste au ton populiste, défenseur d’un « capitalisme pour tous » fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement.
« L’idéologie ne remplit pas les assiettes ; ce qui le fait, c’est le travail et le respect de la propriété privée », déclarait-il récemment, selon The Times.
Dans son discours de victoire, il a promis de rouvrir la Bolivie au monde : « Il faut ouvrir la Bolivie et lui redonner un rôle », a-t-il lancé.
Les États-Unis ont aussitôt salué une « occasion de transformation », se disant prêts à coopérer sur la sécurité régionale et les investissements.
Des défis économiques et politiques immenses
Rodrigo Paz n’aura toutefois pas de majorité au Parlement : son parti compte 49 députés et 16 sénateurs, devant les 39 et 12 de son rival, mais loin de la majorité absolue. Il devra donc former des alliances pour gouverner.
S’il promet de préserver les programmes sociaux hérités de la gauche tout en encourageant l’initiative privée, son mandat s’annonce délicat. La Bolivie doit restaurer la confiance des investisseurs, renouer avec Washington sans froisser ses partenaires régionaux, et contenir un Evo Morales toujours influent parmi les populations autochtones.
Pour l’analyste Daniela Osorio, du German Institute of Global and Area Studies (GIGA) « même affaibli, Morales reste un facteur de déstabilisation potentielle ».
Mais dimanche soir, dans les rues de La Paz envahies de musique et de drapeaux, les partisans du vainqueur n’y pensaient guère. « Nous sommes venus célébrer la victoire et redonner espoir à la Bolivie », confiait Julio Andrey, avocat de 40 ans. Un espoir que Rodrigo Paz, novice du pouvoir, devra maintenant transformer en cap durable.
HdB
(Image: © Diego Rosales/ZUMA Press Wire)