Un survol nocturne d’une ampleur inédite a visé le camp militaire d’Elsenborn, en province de Liège, dans la nuit du 2 au 3 octobre. Plusieurs drones ont franchi la frontière germano-belge, mobilisant la police locale et ses homologues allemands. L’incident, confirmé par le ministre de la Défense Théo Francken (N-VA), soulève de nombreuses interrogations sur ses auteurs et leurs intentions.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs drones ont été détectés au-dessus du domaine militaire d’Elsenborn, près de la frontière allemande. Selon les autorités, la police locale et la police allemande ont confirmé la présence simultanée de plusieurs appareils, dont le nombre exact reste incertain, mais qui auraient traversé la frontière durant la nuit.
Le ministre de la Défense, Théo Francken, a tenu à clarifier la situation. « Ce n’était pas pour un cheval perdu, mais bien des drones inconnus », a-t-il indiqué, réfutant une hypothèse avancée localement. « Oui, nous avons donné l’alerte, la police a bien fait son travail. Mais devons-nous aller plus loin ? Absolument. Nous devons investir dans des systèmes de détection et renforcer nos capacités de lutte anti-drones. »
Pour l’ancien colonel Roger Housen, l’ampleur de l’incident exclut l’hypothèse du loisir. « Avec quinze drones, on n’est plus dans le hobby. Il faut un groupe organisé derrière cela », souligne-t-il. Le choix du site interpelle : Elsenborn n’abrite pas d’armement de pointe, mais accueille en ce moment une installation de test pour la détection de drones, ce qui pourrait expliquer l’intérêt suscité.
La piste russe, évoquée dans d’autres cas de survols mystérieux en Europe, est jugée plausible mais difficile à établir. Moscou, explique Housen, recourt souvent à des intermédiaires criminels, rémunérés en cryptomonnaies, pour brouiller les pistes.
Théo Francken a insisté sur le caractère inédit de l’événement en Belgique. « Tous les domaines militaires sont sensibles. Il peut y en avoir de plus stratégiques, mais ils sont tous critiques. » L’enquête, menée en coopération avec les autorités allemandes, tentera de déterminer l’origine et la destination des appareils.