« On n’est pas du tout dans la ligne claire, bien au contraire… » Près de quinze mois après la défaite électorale du 9 juin 2024, le Parti socialiste poursuit sa traversée du désert en cherchant sa place sur la carte politique. En interne, les langues commencent à se délier et à s’inquiéter d’un manque de stratégie forte et partagée. Pourtant, le PS de Paul Magnette tente de se réinventer. Mais entre un processus de refondation encore flou et des fractures internes qui s’expriment de plus en plus, la route vers un retour au pouvoir s’annonce semée d’embûches. Enquête dans les coulisses socialistes.
Un cap idéologique introuvable
Lors de son congrès de Mons, censé lancer la “seconde phase” de la refondation socialiste, Paul Magnette a choisi… de ne pas choisir. “On ne va ni aller plus à gauche ni aller plus au centre”, a-t-il martelé, préférant un retour aux “fondamentaux” : le pouvoir d’achat, le travail, les services publics, le climat et l’enseignement. Mais cette absence de repositionnement clair laisse planer une ambiguïté dans le chef des élus et des militants : doit-on concurrencer le PTB sur le terrain de la radicalité ou tenter de séduire les électeurs partis chez les Engagés et le MR ? « Contrairement à la célèbre école de BD belge, on n’est pas du tout dans la ligne claire », ironise un cadre du parti.
Le choix de 2029 comme horizon stratégique ajoute à l’impression de temporisation. Magnette espère que l’impopularité future du gouvernement « Arizona » (N-VA, MR, Engagés, Vooruit) livrera mécaniquement la victoire. Mais cette attente d’une « usure du pouvoir adverse » n’équivaut pas à reconstruire un récit mobilisateur. « Et parier uniquement sur le ras-le-bol des gens ne fait pas un programme solide et cela pourrait aussi, le cas échéant, profiter à d’autres », souligne un autre élu.
Sous l’étiquette de “refondation”, le PS cherche à moderniser ses structures, peut-être même à changer de nom. La création de l’école de militantisme « Émile » illustre cette volonté : renouer avec l’éducation populaire pour recréer un ancrage idéologique et former les futurs relais du discours socialiste. Cet effort traduit une inquiétude profonde : la perte de contrôle du récit politique au profit d’un MR omniprésent médiatiquement. Mais cette riposte culturelle apparaît encore défensive, davantage tournée contre la domination médiatique de Georges-Louis Bouchez que vers une offre politique positive.
Abonnez-vous pour lire l'article en entier.
Apportez votre soutien à la rédaction de 21News en souscrivant à notre contenu premium.