Face à la multiplication de survols de drones non identifiés au-dessus de plusieurs installations militaires et sites sensibles belges, le ministre de la Défense, Theo Francken, a décidé d’agir dans l’urgence. Il a commandé à la Fabrique Nationale de Herstal (FN Herstal) des fusils destinés à neutraliser ces engins, révèle La Meuse ce mardi.
Au cours du dernier mois, des drones ont été observés à Elsenborn, Marche-en-Famenne, et ce week-end encore, au-dessus de la base aérienne de Kleine Brogel, où seraient stockés des missiles nucléaires américains. Des appareils similaires ont aussi été repérés dans le périmètre des aéroports d’Ostende et d’Anvers. Aucun n’a pu être intercepté.
Le ministre Francken n’exclut pas une opération orchestrée par une puissance étrangère. « Ce sont probablement des pilotes professionnels, sans doute au service d’un État comme la Russie », a-t-il déclaré, tout en appelant à la prudence, faute de preuves directes.
Un plan de 50 millions contre les drones
Pour contrer la menace, la Défense a présenté un plan d’urgence de 50 millions d’euros destiné à renforcer les moyens anti-drones. Le dispositif, qui doit être validé ce vendredi en conseil des ministres, comprend l’achat de drones d’interception et de systèmes anti-drones à courte portée, inspirés des modèles déjà utilisés dans le conflit ukrainien.
La FN Herstal mise à contribution
Selon La Meuse, la Fabrique Nationale de Herstal a reçu une commande prioritaire pour fournir des fusils à pompe de type Winchester SXP, un modèle traditionnellement utilisé pour la chasse aux claies. Ces armes, capables d’envoyer une salve de plombs à courte distance, sont jugées efficaces pour détruire des drones.
Les Winchester seront toutefois fabriqués au Portugal, dans une filiale du groupe FN, avant leur livraison à l’armée belge. Le nombre d’armes concernées par la commande n’a pas été communiqué.
Ce renforcement fait partie d’une stratégie plus large : le ministre Francken aurait également pris contact avec le groupe français Thales afin de développer des solutions complémentaires, qu’il s’agisse de roquettes produites à Herstal ou de systèmes de brouillage. Depuis mai, Thales collabore avec l’Université de Liège pour explorer, grâce à l’intelligence artificielle, de nouvelles technologies d’interception.
Ainsi, la Belgique se dote progressivement d’un arsenal défensif inédit pour contrer une menace aérienne devenue à la fois technologique et géopolitique.
Demetrio Scagliola
(Photo DR-Belgaimage)