« On va te tuer ! ». Ces mots, un chauffeur de bus De Lijn de 33 ans les a entendus le 17 août dernier à la gare de Bruxelles-Midi. Trois jeunes, dont deux sans titre de transport, l’ont pris à partie. L’un d’eux a sorti un couteau et l’a menacé à travers la fenêtre ouverte du bus. Pris de panique, le conducteur a redémarré brusquement pour s’éloigner. Dans sa fuite, les roues du véhicule ont heurté légèrement le trottoir.
Quelques jours plus tard, il apprenait son licenciement. « On m’a dit que j’avais ‘utilisé le bus comme une arme. Mais je n’ai blessé personne, je cherchais seulement à me protéger », raconte-t-il. Selon lui, l’entreprise a refusé de lui montrer les images de la caméra de surveillance. « Même mon psy me dit que je n’ai rien fait de mal. On est agressé, puis puni ». Le chauffeur explique qu’après l’incident, tout semblait réglé : « On m’a assuré que tout allait bien. Puis la lettre de licenciement est tombée, sans explication écrite ».
Du côté de De Lijn, le porte-parole Marco Demerling confirme la fin du contrat, tout en invoquant une « enquête interne approfondie ». « Nous ne prenons jamais ce genre de décision à la légère », a expliqué M. Demerling, refusant d’en dire plus pour des raisons de confidentialité.
Le syndicat du chauffeur conteste la mesure. Son représentant, qui a pu visionner les images, parle d’un homme « visiblement paniqué, pas agressif ». Selon lui, la compagnie a choisi un « licenciement classique », plutôt qu’un renvoi pour faute grave, évitant ainsi toute contestation judiciaire. « C’est habile, mais profondément injuste. Ce cas symbolise le sort de nombreux chauffeurs agressés, qui finissent traités comme des coupables ».
La rédaction
(Photo Belgaimage)
