Ambiance bon enfant pour une soirée-débat, hier 17 septembre 2025, qui, pourtant, n’avait rien d’anodin. Organisée par le Mouvement réformateur (MR) à Anderlecht, elle visait à répondre à une question lourde : comment limiter l’influence des Frères musulmans, en Belgique et au-delà ? Le contraste entre la convivialité du public et l’arsenal sécuritaire déployé rappelait davantage un film dystopique américain qu’un rendez-vous politique local. Preuve, s’il en fallait, que traiter de l’islamisme radical en 2025 expose immédiatement à des menaces réelles.
Le cadre choisi, le centre commercial Birmingham, avait des allures de forteresse. Police communale, vigiles privés et escorte spécialisée protégeaient les intervenants. Mohamed Sifaoui et Florence Bergeaud-Blackler, figures connues de l’analyse de l’islamisme, vivent depuis des années sous protection. Tel est l’état paradoxal de nos démocraties : on peut librement militer pour l’islam politique, mais enquêter ou le critiquer conduit à vivre sous escorte permanente.
La soirée s’est déroulée en deux temps. D’abord un débat entre Mohamed Sifaoui, le constitutionnaliste Marc Uyttendaele, Georges-Louis Bouchez et Denis Ducarme. Ensuite, l’exposé de la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler, déjà interviewée cette semaine par nos soins.
Marc Uyttendaele : une gauche désarmée
Professeur de droit à l’ULB pendant près de 40 ans, Marc Uyttendaele a ouvert les hostilités avec une évocation de son université d’hier, dominée par les « sapins verts », ces bourgeois libéraux et socialistes belges d’origine qui peuplaient les auditoires. Aujourd’hui, dit-il, le campus est un melting-pot de dizaines de nationalités, qu’il salue, tout en reconnaissant qu’il ne retrouve plus l’ambiance franc-maçonne de sa jeunesse.
L’homme de gauche qu’il demeure se dit parfois « désarmé ». Jadis alliés, certains camarades le regardent désormais comme un réactionnaire dès qu’il défend la laïcité. « On peut passer pour un homme d’extrême droite simplement parce qu’on défend un seul concept : la laïcité », a-t-il insisté. Il a rappelé l’affaire de l’échevine de Molenbeek, critiquée pour avoir répondu vertement à des personnes racistes de « dégager » alors qu’évidemment rien légalement ne les y olbige, ou encore la question du voile dans l’administration. Pour lui, accepter un voile équivaut à ouvrir la porte à des tee-shirts politiques ou syndicaux dans les services publics : le chaos vestimentaire de la neutralité bafouée avec des tee-shirts à l’effigie du MR ou de la FGTB.
Mohamed Sifaoui : la grenouille bruxelloise
Journaliste et écrivain, Sifaoui a apporté sa verve teintée d’humour noir. Bruxelles, dit-il, est comme la grenouille dans la casserole : insensible à la montée progressive de la température. Chaque fois qu’il revient, il constate une aggravation de l’emprise islamiste sur notre capitale. Fort de son expérience algérienne dans les années 1990 face au GIA, il avertit que le même processus de radicalisation est à l’œuvre en Europe.
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