Des coups de feu à balles réelles ont retenti lors d’une visite diplomatique en Cisjordanie, provoquant une onde de choc diplomatique et une série de condamnations internationales.
La scène, survenue près du camp de réfugiés de Jénine, a été partiellement filmée, mais la vidéo n’a pu être authentifiée de manière indépendante. Un journaliste de l’AFP présent non loin des lieux a néanmoins confirmé avoir entendu plusieurs détonations, avant de voir des véhicules diplomatiques quitter précipitamment la zone. Un diplomate belge était présent dans le groupe, comme l’a confirmé sur « X » Maxime Prévot, ministre belge des affaires étrangères.
Selon des sources diplomatiques, des représentants de plusieurs pays, dont la Chine, le Japon, la France et l’Italie participaient à cette visite organisée par l’Autorité palestinienne. L’objectif était d’évaluer la situation sur le terrain dans le gouvernorat de Jénine, sachant que la zone est souvent marquée par des opérations militaires israéliennes.
« Des tirs de semonce »
Dans un communiqué cinglant, le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé un « crime odieux » commis par « les forces d’occupation israéliennes », accusées d’avoir « directement visé à balles réelles une délégation diplomatique accréditée auprès de l’État de Palestine ». Il y voit une « violation flagrante et grave du droit international ».
L’armée israélienne a reconnu avoir tiré des coups de semonce, tout en précisant que la délégation « s’était écartée de l’itinéraire approuvé » et était « entrée dans une zone où elle n’était pas autorisée à se trouver ». Les soldats auraient agi pour « éloigner » les diplomates d’une zone jugée dangereuse, a-t-elle expliqué, tout en exprimant ses « regrets pour les désagréments causés » et en annonçant l’ouverture d’un dialogue avec les représentants concernés.
La réaction internationale ne s’est pas fait attendre. A Rome, le ministre des affaires étrangères, Antonio Tajani a jugé les tirs israéliens « inacceptables » et a exigé des « éclaircissements immédiats ». Il a également annoncé la convocation de l’ambassadeur israélien pour obtenir une « explication officielle ». Le vice-consul italien, présent lors de l’incident, « se porte bien », a-t-il précisé, après s’être entretenu avec lui.
Madrid a réagi dans un sens similaire. Le ministre espagnol des Affaires étrangères a exprimé une condamnation « ferme » des tirs et confirmé la présence d’un diplomate espagnol dans le groupe, lui aussi indemne. Les autorités espagnoles ont indiqué travailler en coordination avec les autres pays impliqués afin de formuler une réponse collective.
Un contexte on ne peut plus tendu
Cet incident survient dans un contexte particulièrement tendu, alors que les relations israélo-palestiniennes sont au plus bas et que plusieurs capitales européennes s’interrogent ouvertement sur une éventuelle reconnaissance de l’État de Palestine. Dans ce climat, le moindre accrochage peut prendre une tournure dangereuse. Le rappel ou la convocation d’ambassadeurs marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions entre Israël et certains pays européens.
Idit Rosenzweig-Abu, l’ambassadrice de l’État hébreu en Belgique et au Luxembourg, a réagi sur « X » à ces évènements. Mme Rosenzweig-Abu rappelle qu’ « une route avait été proposée aux membres de la délégation, route que ceux-ci avaient été invités à suivre, la zone étant une zone de combat active ». « La délégation », informe-t-elle, « a dévié du chemin convenu et est entrée dans une zone où ils n’étaient pas censé être. Des soldats (de Tsahal) ont alors procédé à des tirs de semonce pour les rediriger, (sans provoquer aucun blessé). (Un brigadier général de l’armée israélienne) tiendra très prochainement des entretiens personnels avec les diplomates pour les tenir au courant des résultats d’une enquête sur ces faits. L’Armée de défense israélienne regrette les désagréments causés », a-t-elle conclu.
Le SPF affaires étrangères, sollicité par 21news, indique de son côté enfin être « choqué d’apprendre que l’armée israélienne a ouvert le feu aujourd’hui en direction d’une vingtaine de diplomates, dont un collègue belge, (qui), heureusement, (va bien). Ces diplomates effectuaient une visite officielle à Jénine, qui avait pourtant été coordonnée avec l’armée israélienne, dans un convoi d’une vingtaine de véhicules clairement identifiables. La Belgique demande des explications convaincantes à Israël ».
La rédaction
(Photo Belgaimage)
