Jusqu’ici, les cellules locales de prévention du radicalisme (CSIL-R) fonctionnaient en Wallonie avec un trou dans la raquette : les services régionaux (logement, emploi, mobilité, etc.) n’avaient aucun cadre légal pour y participer pleinement. Résultat : une coopération inégale, parfois hésitante, et une coordination moins efficace qu’en Flandre ou à la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le gouvernement wallon corrige désormais le tir avec un projet de décret porté par le ministre des Pouvoirs locaux, François Desquesnes. Objectif : permettre aux services régionaux de partager des informations sensibles dans un cadre légal clair, sans ouvrir la porte aux abus.
Pas de participation obligatoire, mais pas d’improvisation non plus
Les grandes lignes du dispositif :
- participation volontaire, mais encadrée ;
- respect strict du secret professionnel et du RGPD ;
- données limitées à la prévention d’un acte terroriste ;
- interdiction explicite de tout usage annexe (logement, allocations, sanctions, etc.).
Un service régional pourra refuser de siéger, mais devra l’expliquer par écrit au bourgmestre — ce qui évite les absences « discrètes » sans justification. Mention spéciale : l’intérêt supérieur d’un enfant pourra être invoqué pour limiter la circulation d’informations.
Rattrapage institutionnel… huit ans après les attentats
Les CSIL-R existent depuis 2018, mais la Wallonie n’avait jamais fixé ses propres règles de participation. Résultat : les communes francophones fonctionnaient en demi-teinte, avec des services régionaux présents « à la carte ». Le décret devrait permettre d’aligner le terrain wallon sur les pratiques flamandes, déjà encadrées.
Les acteurs concernés : SPW, sociétés de logement public, AIS, maisons de l’emploi, missions régionales, opérateurs liés aux armes civiles, etc.
Un dispositif sous contrôle, mais à tester dans la vraie vie
Une évaluation est prévue dans les trois ans, avec rapport au Parlement wallon. D’ici là, le projet sera soumis aux associations de communes, CPAS, provinces, ainsi qu’à l’Autorité de protection des données.
Le ministre résume l’esprit du texte : mieux protéger, sans basculer dans le fichage tous azimuts. Reste à voir si les services régionaux joueront réellement le jeu… ou s’ils préféreront continuer à agir en marge par prudence bureaucratique.
La rédaction
(Photo Belgaimage)