Peut-on vivre durablement des aides sociales sans travailler ? Dans son émission Je vous dérange, diffusée sur RTL, le journaliste Christophe Deborsu explore cette réalité encore très débattue. Parmi les témoins rencontrés, Jacqueline (nom d’emprunt), 55 ans, invalide depuis un accident survenu en 2017, assume pleinement son choix : elle ne souhaite plus retourner sur le marché de l’emploi.
Sa chute paraît banale : « J’ai glissé sur une déjection de chien qui n’avait pas été ramassé. Je me suis cassé le pied », raconte-t-elle. Mais les suites médicales ont été longues. Déclarée inapte au travail, Jacqueline perçoit depuis environ 1.400 euros par mois de la mutuelle. Les douleurs persistent, assure-t-elle, même si elles ne l’empêchent pas totalement de se déplacer ni de réaliser certaines tâches. Diplômée employée de bureau bilingue, elle reconnaît qu’elle pourrait techniquement retravailler.
Mais l’idée ne l’attire plus : « Franchement, non. Je viens de goûter à huit ans de tranquillité. Ça fait trop longtemps que je ne suis plus dans le rythme. Je ne me vois pas recommencer à me lever tôt. »
Son statut BIM (Bénéficiaire de l’Intervention Majorée) lui donne droit à des avantages concrets : tarif social sur l’énergie, tickets modérateurs quasi remboursés, médicaments à moindre coût. Ajoutons à cela un logement social à 500 euros par mois et la pension de son mari : le couple parvient à vivre avec près de 3.000 euros mensuels.
« C’est pas mal », admet-elle, sans détour. M. Deborsu souligne la dimension sensible du débat : entre aide indispensable et confort relatif, certaines situations interrogent. Jacqueline, elle, n’y voit aucune ambiguïté : sa vie sans emploi lui convient, et elle n’a pas l’intention d’en changer.
La rédaction
(Photographie de Laure Boyer / Hans Lucas)