La ministre de la Justice, Annelies Verlinden (CD&V), sur la photo, a relancé un débat hautement sensible en proposant d’élargir les conditions de la déchéance de nationalité belge aux grands criminels. Invitée de l’émission Face à Buxant sur RTL, elle a défendu cette piste dans le cadre de la lutte contre le crime organisé, le trafic de drogues et, plus largement, les menaces à la sécurité nationale.
La proposition intervient dans un contexte de pression croissante sur les autorités, notamment autour du port d’Anvers, régulièrement cité comme un hub majeur du trafic international de stupéfiants. Malgré les contrôles renforcés, la ministre souligne l’adaptation permanente des réseaux criminels, qui recourent à des techniques de plus en plus sophistiquées pour dissimuler les drogues, parfois diluées dans d’autres substances, compliquant le travail des douanes.
Une approche globale face à la criminalité organisée
Pour Annelies Verlinden, la réponse ne peut être uniquement logistique ou policière. Elle plaide pour une approche globale, associant douanes, police fédérale, autorités locales et gouvernement, tout en insistant sur la nécessité d’une présence accrue sur le terrain afin de lutter aussi contre la criminalité de rue et les réseaux de blanchiment d’argent. Elle rappelle que des outils existent déjà, notamment pour fermer des commerces servant de façade à des activités illégales.
C’est dans ce cadre qu’elle propose d’aller plus loin en permettant aux juges de prononcer la déchéance de nationalité pour les « grands criminels », citant notamment les auteurs de faits terroristes, mais aussi des figures du crime organisé, comme les trafiquants internationaux de drogue. Le texte, soumis au Parlement et renvoyé en deuxième lecture, s’inscrit dans l’arsenal de réformes sécuritaires que la coalition Arizona souhaite faire aboutir avant 2026.
Selon la ministre, cette mesure viserait à renforcer le message contre l’impunité et à protéger la société belge. Elle suscite toutefois de vives interrogations, tant sur son efficacité réelle en matière de sécurité que sur sa portée symbolique et idéologique, notamment lorsqu’elle concerne des binationaux condamnés pour des infractions graves.
La Rédaction
(Photo Werner Lerooy)