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Deux poids, deux mesures après les violences à Bruxelles : une gauche morale face à ses contradictions (Édito)

par Nicolas de Pape

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que certains élus du PS dégainent leurs grands mots : « vermine », « racaille », pour qualifier les hooligans ayant saccagé des magasins et blessé des personnes, notamment à Molenbeek-Saint-Jean, lors des incidents de ce week-end.

Ces termes, que la gauche s’indigne de voir employés lorsqu’il s’agit des violences urbaines dans certaines banlieues, sont soudainement réhabilités lorsque les fauteurs de troubles viennent de Bruges et s’en prennent au mobilier urbain dans une ambiance de hooliganisme débridé.

Ici, plus de pincettes, plus de sociologie d’excuse, plus de compréhension bienveillante. La violence devient condamnable, sans détour, dès lors qu’elle n’est pas commise par des électeurs potentiels. En revanche, silence radio pour condamner les nombreux « jeunes » qui, en réplique ce lundi, ont insulté et tenté de blesser des policiers.

Un vocabulaire qui en dit long

Cette indignation à géométrie variable soulève une question dérangeante mais essentielle : pourquoi une telle sévérité soudaine, quand les violences qui gangrènent certains quartiers comme Molenbeek sont, depuis des années, traitées avec autant de complaisance?

Qu’on se comprenne bien : il ne s’agit pas ici de minimiser les débordements des hooligans flamands, mais de pointer l’hypocrisie d’un camp politique prompt à dénoncer la violence d’un côté, tout en la relativisant ou la taisant lorsqu’elle menace son propre électorat. Quand des vitrines volent en éclats à Anderlecht ou que des pompiers se font caillasser à Molenbeek, c’est le silence radio, ou pire, une tentative de justification sociale. Mais que des supporters flamands se comportent comme des voyous, et voilà que le PS retrouve miraculeusement de la voix.

La sécurité ne devrait pas être une affaire de clientélisme politique. Elle ne devrait pas dépendre du profil sociologique ou culturel des casseurs.

Il est temps que nos responsables politiques assument une position cohérente : la violence doit être condamnée, qu’elle vienne des cités ou des stades, des quartiers populaires ou des zones périurbaines. Et ceux qui aspirent à gouverner ont le devoir de ne pas hiérarchiser les troubles en fonction de leur utilité électorale.

Il ne peut y avoir de zones de non-droit ni de discours à deux vitesses.

Nicolas de Pape

(Photo Belga : Hatim Kaghat)

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