La « promotion Rima Hassan » 2025 des étudiants en droit de l’ULB n’étonne pas le chercheur Éric Muraille, Directeur de Recherches au FRS-FNRS (Faculté de médecine, ULB). Car, à l’ULB, la désignation de Rima Hassan par des étudiants n’est pas un hasard mais l’aboutissement d’une politisation persistante des campus. Des cercles activistes, parfois appuyés par des académiques, ont, in fine, imposé leur agenda aux autorités académiques : rupture avec Israël, blocage de projets européens, annulation d’échanges, tout en favorisant des partenariats avec l’université palestinienne de Birzeit, réputée proche du Hamas. Dans le même esprit, les autorités rectorales ont validé que des normes communautaires d’inspiration fondamentaliste puissent primer sur des règles élémentaires de prévention de la fraude aux examens.
21News : Quelle est votre réaction en tant que chercheur associé à l’ULB à cette « promotion Rima Hassan » ?
Éric Muraille : Je déplore ce choix, mais n’en suis guère surpris. Il résulte de la stratégie de Munich adoptée par les autorités rectorales : celle du compromis et de l’apaisement. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression des activistes, elles ont laissé l’ULB se transformer en tribune du palestinisme radical.
« Un noyau dur d’activistes, soutenu par certains académiques, a pris le contrôle de plusieurs cercles étudiants. »
21News : Est-ce un épiphénomène ou un choix révélateur d’une tendance plus profonde de l’ULB ?
Éric Muraille : Il convient d’éviter de mettre l’ensemble des membres de l’institution dans le même sac. La plupart des manifestations pro-palestiniennes organisées sur les campus n’ont rassemblé que 100 à 200 personnes. En réalité, un noyau dur d’activistes, soutenu par certains académiques, a pris le contrôle de plusieurs cercles étudiants. Grâce à ces structures, ils bénéficient d’une forte visibilité, organisent des conférences et diffusent un discours radical via les réseaux sociaux. Mais la communauté universitaire de l’ULB compte plus de 40.000 membres. Beaucoup de mes collègues ne s’intéressent pas au conflit israélo-palestinien et préfèrent se tenir à l’écart de cette polémique. Quant à mes étudiants, ils n’y font jamais référence en cours.
Le véritable problème réside dans la passivité, voire la complaisance, des autorités académiques face à ces activistes. Depuis l’occupation de l’ULB par l’Université Populaire de Bruxelles (UPB) au printemps 2024, certains étudiants ont été exposés à une propagande continue, sans qu’aucune mesure ne soit prise pour en limiter l’impact.
Pendant les sept semaines d’occupation, des slogans anti-sionistes glorifiant la lutte armée ont été affichés sur le campus du Solbosch. Des figures comme Khaled Barakat et Mohamed Khatib, dirigeants de Samidoun, y ont tenu des conférences dans le bâtiment occupé. Bertrand Sassoye, fondateur du Secours Rouge de Belgique, une organisation d’extrême gauche radicale, a également été présent sur le campus. Les services de sécurité de l’ULB étaient informés de ces présences, mais aucune action n’a été entreprise. Pourtant, à cette époque, Samidoun était déjà interdit en Allemagne en raison de ses liens avec le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et de son soutien aux actions terroristes du Hamas. Depuis, l’organisation a également été interdite aux Pays-Bas, aux États-Unis et au Canada. Quant à Bertrand Sassoye, c’est un ex-membre bien connu des Cellules Communistes Combattantes (CCC).
« La popularité de Rima Hassan chez certains étudiants de l’ULB n’a rien de surprenant : elle est le résultat direct d’une propagande persistante sur nos campus. »
Après l’évacuation policière du bâtiment occupé, la propagande pro-palestinienne n’a pas cessé : elle a été relayée par les cercles étudiants. Ainsi, en octobre 2024, une conférence intitulée « Palestine : l’Europe complice d’un génocide », avec la participation du député européen PTB Marc Botenga et de la députée européenne LFI Rima Hassan, a été organisée par Comac, le mouvement de jeunesse du PTB. Cet événement a été autorisé par le rectorat, bien qu’il eût initialement été interdit par Jean-Christophe Goffard, vice-recteur aux affaires étudiantes, qui a d’ailleurs démissionné après ce désaveu. Dans la foulée, le Comac a organisé une deuxième conférence, « Stop à la complicité de l’Europe : le rôle du droit international », à nouveau avec Botenga. Peu après, le mouvement a orchestré sur le campus du Solbosch une manifestation en solidarité avec la Palestine et le Liban, au cours de laquelle un drapeau palestinien géant a été déployé sur l’avenue Paul Héger.
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