Erik Saelens : « Trump, Milei, Bouchez : les électeurs préfèrent l’authenticité au marketing »

Pourquoi les sondeurs se sont-ils lourdement trompés sur les victoires de Donald Trump et tout récemment de Javier Milei ? Pour Erik Saelens, stratège politique, communicant aguerri et pionnier de l’intelligence artificielle appliquée au marketing électoral, la réponse tient autant à la psychologie qu’à la technologie. Ancien conseiller de la N-VA en Belgique, fondateur de Brandhome et aujourd’hui CEO d’Unbox, il a observé et a exécuté de l’intérieur les campagnes les plus sophistiquées d’Europe et des États-Unis. Dans cet entretien, il démonte les illusions des sondages, explique pourquoi les journalistes se trompent d’époque, et dévoile comment l’IA va bouleverser non seulement la communication politique, mais aussi la gouvernance elle-même. Son credo ? « Les sondages mesurent les mots, les élections mesurent les actes. »

21News : Erik Saelens, les sondages se trompent de plus en plus souvent. Comment l’expliquez-vous ?

Erik Saelens : Les sondages mesurent ce que les gens disent ; les élections récompensent ce qu’ils font. Quatre erreurs structurelles se répètent sans cesse. Tout d’abord, la non-réponse et les échantillons biaisés, surtout parmi les électeurs qui se méfient des institutions. Vient ensuite la désirabilité sociale — le fameux shy voter —, ces préférences qu’on n’ose pas avouer. N’oublions pas les modèles de participation défaillants et les changements de dernière minute. Enfin, la chambre d’écho médiatique : beaucoup de journalistes croient encore être les seuls à émettre, alors que la formation de l’opinion se détourne du journalisme classique.

Les sondages restent utiles comme boussole de tendance, mais certainement pas comme outil de prédiction. Et encore faut-il être immergé dans le tissu social, écouter et observer ce que les électeurs pensent et ressentent réellement.

« Les sondages mesurent ce que les gens disent. Les élections récompensent ce qu’ils font. »